Les remèdes argentés de Federica Baruffi pour guérir des traumas

29 novembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Les remèdes argentés de Federica Baruffi pour guérir des traumas
© Federica Baruffi
© Federica Baruffi

La pollution, les carcans sociétaux et l’éloignement du collectif aux dépens de l’individualisme en Europe poussent Federica Baruffi à une création photographique purificatoire. L’artiste italienne s’empare des notions et des couleurs liées à la spiritualité pour tenter d’adresser les contradictions qui nous entourent. Dans son travail, elle nous invite à repenser nos relations aux autres.

Installée à Pianura Padana, à 30 kilomètres de Milan, dans l’une des régions les plus polluées d’Europe, Federica Baruffi n’hésite pas à représenter le monde de la manière la plus honnête possible : direct, cru et critique. Face à l’urbanisation de masse, aux exploitations agricoles intensives et aux traumatismes collectifs, la photographe italienne compose un remède empreint de spiritualité pour calmer les maux – autant les siens que ceux du groupe social. « Je ressens de la frustration en habitant en Occident, confie-t-elle. C’est un contexte violent pour la nature. Traduire cette tempête d’émotions en images a un but cathartique : alléger l’âme. » L’antidote qu’elle propose ? La couleur argentée. Ce choix de colorimétrie n’est pas sans raison. S’il reflète particulièrement bien la lumière, il est aussi pour l’artiste un moyen de représenter la spiritualité. « Dans les disciplines de guérison par les énergies, le doré est utilisé pour soigner. Pour moi, l’argent s’apparente à l’or, mais avec une tonalité froide qui traduit la rigidité ressentie dans la société moderne à l’égard de certains thèmes anciens » révèle Federica Baruffi. Il représente une métaphore, celle de l’humain·e occidental·e qui n’a pas encore pleinement pris conscience des capacités qu’il peut développer pour se détacher du système économique dans lequel il est immergé. Ainsi, dans sa série L.I.M.B.O (Living In My Biological Obscurity), l’autrice explore de manière cathartique les complexités et les paradoxes existants dans la société occidentale et consumériste. « Je souhaite encourager les gens à reconsidérer l’individualisme et à embrasser une identité collective. Je veux les inviter à réfléchir à leurs expériences en tant que parties intégrantes d’un voyage partagé, les inciter à entreprendre une profonde introspection sur nos rôles dans un contexte plus large », achève-t-elle.

© Federica Baruffi
© Federica Baruffi
© Federica Baruffi
© Federica Baruffi
© Federica Baruffi
© Federica Baruffi
© Federica Baruffi
© Federica Baruffi
© Federica Baruffi
À lire aussi
Les photographes de Fisheye et la pollution sublimée
© Richard Pak
Les photographes de Fisheye et la pollution sublimée
Enjeux sociétaux, troubles politiques, crise environnementale, représentation du genre… Les photographes publié·es sur nos pages ne…
09 février 2024   •  
Écrit par Milena III
Focus #49 : Irina Shkoda revit ses traumatismes en photographie
Focus #49 : Irina Shkoda revit ses traumatismes en photographie
C’est l’heure du rendez-vous Focus ! Cette semaine, Irina Shkoda réalise, dans Miserere, des mises en scène inspirées par son éducation…
31 mai 2023   •  
Écrit par Lou Tsatsas

Explorez
Wolfgang Tillmans revient sur sa carte blanche au Centre Pompidou
Wolfgang Tillmans à la Bpi, janvier 2025 © Centre Pompidou
Wolfgang Tillmans revient sur sa carte blanche au Centre Pompidou
Le Centre Pompidou lui donne carte blanche jusqu’au 22 septembre 2025, dernier accrochage avant la fermeture du bâtiment pour cinq ans de...
03 juillet 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Marco Dos Santos fait feu de tout bois
© Marco Dos Santos
Marco Dos Santos fait feu de tout bois
Mais peut-il seulement tenir en place ? Depuis plus de vingt ans, Marco Dos Santos trace une trajectoire indocile à travers les scènes...
02 juillet 2025   •  
Écrit par Milena III
Pentax x Nation Photo x Fisheye : trois visions du surréalisme à Arles
© Melina Barberi
Pentax x Nation Photo x Fisheye : trois visions du surréalisme à Arles
À l’occasion des Rencontres d’Arles 2025, Fisheye Magazine, en collaboration avec Pentax et Nation Photo, a lancé un concours de...
01 juillet 2025   •  
Écrit par Fabrice Laroche
La sélection Instagram #513 : les yeux dans les yeux
© Miriana Corabi / Instagram
La sélection Instagram #513 : les yeux dans les yeux
À travers des autoportraits, des photographies de leurs proches et d'inconnu·es, les artistes de notre sélection Instagram de la...
01 juillet 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Fisheye #72 : la photographie comme acte de résistance
© Luke Evans
Fisheye #72 : la photographie comme acte de résistance
À travers son numéro #72, Fisheye donne à voir des photographes qui considèrent leur médium de prédilection comme un outil de...
03 juillet 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Wolfgang Tillmans revient sur sa carte blanche au Centre Pompidou
Wolfgang Tillmans à la Bpi, janvier 2025 © Centre Pompidou
Wolfgang Tillmans revient sur sa carte blanche au Centre Pompidou
Le Centre Pompidou lui donne carte blanche jusqu’au 22 septembre 2025, dernier accrochage avant la fermeture du bâtiment pour cinq ans de...
03 juillet 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Sous les paupières closes : un rêve surréaliste à Arles
Two Dinners, 2024 © Nyo Jinyong Lian
Sous les paupières closes : un rêve surréaliste à Arles
Du 7 juillet au 5 octobre 2025, la Fisheye Gallery ouvre son espace arlésien à quatre artistes émergentes : Eloïse Labarbe-Lafon, Anna...
02 juillet 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Marco Dos Santos fait feu de tout bois
© Marco Dos Santos
Marco Dos Santos fait feu de tout bois
Mais peut-il seulement tenir en place ? Depuis plus de vingt ans, Marco Dos Santos trace une trajectoire indocile à travers les scènes...
02 juillet 2025   •  
Écrit par Milena III