Les expositions présentant le travail de femmes photographes et traitant de sujets liés au féminisme et à l’égalité des genres sont depuis le début de l’année en proie à des actes de malveillance de la part de groupes d’extrême droite. Le réseau Lux, Diagonal et les Filles de la Photo dénoncent fermement ces attaques et appellent au respect de la liberté d’expression artistique.
Les expositions de femmes photographes continuent d’être le théâtre d’attaques et de malveillance. Quelques semaines seulement après les actes et propos haineux de groupes d’extrême droite (Nemesis et Natifs) à l’encontre de l’exposition Les Nouvelles Reines mettant en lumière le travail de Sandra Reinflet à la Basilique Cathédrale de Saint-Denis, c’est au tour de l’exposition Benzine Cyprine de Kamille Lévêque Jégo d’être victime de vandalisme. Projet docu-fictif au long cours sur un gang de femmes portant le même nom que le titre de la série, il dénonce les injonctions liées au genre féminin et révèle la force émancipatrice des femmes. « Il s’agit pour moi d’un travail vivifiant, inspiré de mes propres expériences et de celles de femmes autour de moi, qui célèbre une vision non vulnérable du sexe féminin », précise la photographe. C’est cette volonté de montrer des femmes indépendantes qui a été violemment attaquée samedi 26 avril, à deux reprises. L’exposition présentée au centre d’art NegPos à Nîmes a été saccagée : tags sur les tirages, murs dégradés, symboles obscènes et scénographie détruite. « C’est une opposition bête et viscérale du sexe masculin à l’émancipation des femmes et l’image féroce que j’ai voulu montrer des femmes », réagit Kamille Lévêque Jégo, en évoquant les dessins de phallus présents sur les murs de la galerie. Patrice Loubon, président de NegPos, a porté plainte contre X.
Atteinte à la diversité des regards
Cette seconde attaque ciblant l’exposition d’une artiste qui ose aborder la condition féminine révèle un climat de haine envers les femmes dont on refuse de reconnaître les expériences et les revendications. « Ils témoignent plus largement d’une intolérance inquiétante, où les discours et opérations sexistes, racistes ou réactionnaires se banalisent et cherchent à censurer les artistes et les structures qui leur donnent visibilité », notent le réseau Lux, les Filles de la Photo et Diagonal, signataires d’un communiqué de presse signalant la multiplication des « attaques contre le féminin en photographie ». Ensemble, ils dénoncent ces actes d’intimidation et réitèrent leur soutien inébranlable à Kamille Lévêque Jégo et aux autres artistes victimes de ce genre de méfaits qui deviennent de plus en plus récurants. « En tant que réseaux professionnels engagés dans la défense de la liberté d’expression artistique, de la diversité des regards et de l’égalité entre les femmes et les hommes dans le champ de la photographie, nous appelons les institutions, les élu·es, tout·es les acteur·ices de la culture et des arts, les publics et les médias à se mobiliser pour protéger et valoriser ces voix essentielles », concluent-ils. Pour Kamille Lévêque Jégo, il ne faut pas laisse place à l’intimidation : « Cet événement met en lumière l’hostilité qui existe contre une féminité redoutable. » Mais face à cette attaque, elle préfère placer son attention sur la vague de solidarité qu’elle reçoit, autant des institutions, des femmes et d’hommes qui voient dans son travail une source d’inspiration.