Jusqu’au 1er décembre 2024, le Studio de la MEP accueille Late Show, une exposition de l’artiste Ludovic Sauvage. En jouant avec la réalité et la fiction, le photographe donne lieu à des représentations liminales, aux frontières entre poésie et réalisme.
Ayant participé à plusieurs prix et expositions en France et à l’international, Ludovic Sauvage est l’invité du Studio de la MEP jusqu’au 1er décembre. Avec son œuvre Late Show, l’artiste place les visiteur·ses au cœur d’images où poésie et récit de science-fiction cohabitent. Un écho à la programmation principale, puisque cette saison, la MEP explore la frontière entre réalité et invention, notamment au travers de l’exposition Science/Fiction — Une non-histoire des Plantes, inspirée, entre autres, des romans dystopiques d’Octavia E. Butler.
Dans l’installation vidéo de Ludovic Sauvage, se succèdent des plans de coupes et des images d’ambiances aux connotations familières. Des villes crépusculaires aux allures futuristes font office de paysage. Les vidéos, inspirées des trailers de films de science-fiction, ont une forte valeur fictionnelle. Les scénarios urbains post-apocalyptique sont au centre de la narration. Dans son travail, le vidéaste élabore l’image projetée, l’interroge et, à travers elle, déconstruit notre rapport à l’espace et au temps. Les représentations se brouillent en subvertissant les codes. Évoquant les poncifs du monde naturel (soleil, fleurs, mer) et ceux de l’espace urbain (immeubles de bureaux, artères de circulation), ces courtes vidéos, par leur mise en relation, forment un récit chargé de tension. « Elles voyagent ainsi entre deux mondes dont elles constituent les portes de sortie et d’entrée, explique l’artiste au sujet de ses images. Elles peuplent la fiction, le spectacle et la publicité comme des extensions du réel qui amène en fait un ancrage tout autre : une situation dans laquelle nous sommes déjà préalablement tous d’accord. Elles ne sont pas la narration. Elles en sont le préalable. »
Une création dystopique
Late Show s’impose comme une création dystopique dont on ignore l’état : l’apocalypse est-elle en cours ou déjà terminée ? Pour réaliser ce film, l’artiste s’est inspiré d’un certain type de cinéma de science-fiction produit en marge du Nouvel Hollywood comme The Last Wave de Peter Weir (1977) et The Quiet Earth de Geoff Murphy (1985). « J’avais depuis longtemps le désir de travailler sur un très court métrage de la taille d’une bande-annonce, ici animé par des diapositives analogiques et un algorithme » explique-t-il. En effet, pour confondre encore plus les lignes entre les mondes, le vidéaste a numérisé les images, puis, les a soumises à un logiciel d’intelligence artificielle afin de leur impulser du mouvement.Accompagnée d’une bande-son qui entremêle sons concrets et composition synthétique aux accents New Age, Late Show peut se lire « comme une prophétie auto-réalisatrice qui puise dans la capacité de la science-fiction à façonner des alternatives toujours plus étrangement familières. »