Installée entre Tbilissi et Istanbul, Mary Svyatskaya est à l’origine d’une œuvre aux nuances poudrées, peuplées de muses qui semblent tout droit sorties d’un conte de fées. La photographe de mode puise dans l’imagination de l’enfance pour insuffler une certaine douceur chez celui ou celle qui contemple ses clichés.
« Les enfants voient la magie partout, tout en ressentant et en comprenant la réalité des choses aussi bien que les adultes. La seule différence est que leurs émotions sont pures, colorées et intenses, et c’est ce que je souhaite que mes œuvres représentent. Ma photographie n’est pas une échappatoire à la négativité : c’est une tentative de revoir ces couleurs », déclare Mary Svyatskaya. Par le prisme de ses tirages de mode, l’artiste extrait ainsi la quintessence de ses expériences de vie pour composer un univers poétique singulier. Dès l’enfance, déjà, elle était animée par un goût pour la métamorphose. « J’étais toujours dans ma tête, j’essayais d’utiliser toutes les choses d’une autre manière. Un ballon dégonflé pouvait se transformer en chapeau, je démontais tous mes jouets pour les reconstruire différemment. J’expliquais à tout le monde que, plus tard, je serais inventrice – parfois, je disais ingénieure, pour paraître plus intelligente. Je rêvais aussi d’être une super-héroïne et de sauver la planète », confie-t-elle. Derrière son imagerie vaporeuse à la douceur de l’âge tendre se cache néanmoins une démarche plus profonde, qui prend racine à cette époque. Plusieurs évènements ont assombri sa jeunesse. Pour les surmonter, elle imaginait des histoires dans lesquelles elle devenait un personnage de conte de fées. De fait, leur issue, toujours favorable, l’apaisait et la rassurait quant à l’avenir. « Je pense qu’en fin de compte, toutes mes œuvres traitent de l’amour sous ses différentes formes, remarque-t-elle. Je veux que le public ressente une sorte de chaleur et de nostalgie et qu’il sente qu’il n’est pas seul. »