Restée dans l’ombre toute sa vie, Nicole Lala fut pourtant une photographe majeure du quotidien, du sensible, de l’invisible. Du 16 juillet au 21 septembre 2025, la Ville de Paris lui rend hommage avec une première exposition en plein air, sur les grilles de l’hôtel de ville. Un événement qui dévoile enfin l’ampleur d’un travail discret, mais puissant, nourri de reportages ouvriers, d’images de plateau, de scènes urbaines et d’instants intimes.
Du 16 juillet au 21 septembre 2025, les grilles de l’hôtel de ville de Paris accueilleront une exposition inédite dédiée à Nicole Lala, photographe discrète et longtemps restée dans l’ombre. Intitulée simplement NICOLE LALA, cette première grande rétrospective rassemble 24 panneaux de photographies prises dans la capitale, révélant un Paris intime, parfois fugace, toujours vibrant. Cette sélection est issue d’un impressionnant fonds d’environ 20 000 photos en noir et blanc, accompagnées de négatifs en parfait état, que l’artiste a elle-même développés et tirés. Grâce au travail de mémoire et de transmission mené par sa fille, la curatrice Delphine Bonnet, ce trésor visuel trouve enfin la lumière. « C’est la Ville de Paris qui va faire découvrir ce travail », a affirmé Thomas Fansten, responsable des expositions pour la Ville, convaincu par la puissance silencieuse de ces images.
Une approche profondément humaniste
Née en 1934 à Courbevoie, Nicole Lala découvre la photographie au début des années 1950 auprès de Jacques Darche, puis entame une carrière, à 26 ans, comme photographe-reporter pour la revue Regards, publication emblématique du Parti communiste qui érige le·la travailleur·se en figure héroïque. « Elle sillonne la France, la Corse et l’Espagne à la rencontre des ouvrier·ères, des paysan·nes, des artisan·es et des pêcheur·ses », rappelle Delphine Bonnet. Cette période fonde sa sensibilité : une approche profondément humaniste, attentive aux gestes, aux regards, aux fêlures. « Chez chacun·e, on peut trouver quelque chose de bien. Il suffit juste de creuser », disait souvent Nicole Lala. Ce regard singulier l’amènera plus tard à devenir photographe de plateau, puis à documenter avec la même tendresse les marges et l’intime : les sans-abri (alors appelé·es « clochard·es »), les joueur·ses de belote du jardin du Luxembourg, les enfants – et surtout sa fille – à tous les âges, ses ami·es peintres, les murs usés de Paris.
Comme le raconte Delphine Bonnet : « Ce sont des petites photos sans importance », disait sa mère en évoquant ses tirages restés cachés dans des tiroirs. Puis, avec un sourire : « Ma prochaine photo ! » Après son décès, en 2015, sa fille rouvre ces archives précieuses et entame un travail de classement, d’écriture, de mise en récit. « Ces monceaux de photos jamais montrées […] me parlaient tellement. » Avec l’encouragement du photographe Gilles Favier – « Il faut que tu continues d’écrire, il faut que tu édites ce livre, il faut que tu fasses connaître ces photos », disait-il –, le projet prend corps, entre travail de deuil et reconnaissance artistique. Un livre paraîtra à l’automne 2025 aux éditions du Chêne, avec le soutien du fonds de dotation agnès b. et une préface de Marie Robert, conservatrice au musée d’Orsay. Il est temps, enfin, de découvrir l’œil sensible et discret de Nicole Lala, cette photographe qui, toute sa vie, a capté l’humanité là où personne ne regardait.