Dans un monde où l’image est souvent éphémère, Maxime Antony nous invite à ralentir. Avec sa série Ocre, le photographe compose un rêve éveillé où la couleur devient une émotion à part entière. Inspiré par la mode, la peinture et le cinéma, il sculpte des paysages hallucinés qui nous transportent entre deux mondes, quelque part entre le réel et l’imaginaire.
C’est en 2018 que Maxime Antony fait ses premiers pas dans la photographie, d’abord attiré par la vidéo, avant de se laisser happer par la puissance de l’image fixe. « J’étais curieux de pouvoir l’utiliser à ma guise, de figer l’espace-temps et de pouvoir illustrer le monde qui m’entoure à ma manière », confie-t-il. Ce besoin d’explorer le rêve, la mémoire et le temps s’exprime pleinement dans sa série Ocre. À l’origine, il s’agissait d’une commande pour la marque Oblique, mais le photographe a voulu aller plus loin. « Après autorisation, j’ai entièrement modifié les photographies pour en ressortir des paysages colorés provenant de l’imaginaire du somnambule que je suis », confie-t-il. Ainsi est né « ce voyage éphémère à travers les nuits et les saisons », où la mode se fond dans un décor pictural et les silhouettes humaines deviennent des fragments d’un rêve coloré. Son attirance pour la mode est indéniable. Fils d’une commerçante dans le milieu du textile, Maxime Antony s’empare de la photographie de mode pour se rapprocher de ce monde qui le fait tant rêver.
La couleur comme un nouveau langage
Si le photographe affectionne habituellement le noir et blanc, sa série Ocre marque une rupture assumée avec un travail de couleurs éclatantes. « Je rêve souvent de silhouettes et de paysages qui frôlent la monochromie. À l’inverse, après avoir vécu un seul rêve rempli de couleurs vives, l’envie de le mettre en images par la photographie a surgi », explique Maxime Antony. La couleur devient ici un langage à part entière, une émotion nouvelle qui façonne chaque image. Pour parvenir à ces textures et teintes si singulières, Maxime Antony a travaillé ses clichés en postproduction, sans intelligence artificielle, avec une technique ressemblant à celle de la peinture. « Les précisions de ce procédé resteront, quant à elles, le point d’interrogation de mon jardin secret », glisse-t-il en laissant planer une part de mystère sur son œuvre. L’influence du cinéma est palpable, notamment celle de Wes Anderson et de sa colorimétrie millimétrée que le photographe adore. Mais Ocre se nourrit également de littérature : La Métamorphose de Kafka a inspiré cette vision où les silhouettes humaines se transforment, selon Maxime Antony, en « des mantes religieuses colorées », prêtes à s’approprier l’espace. Entre mode et abstraction, rêve et réalité, l’artiste nous offre ici une échappée belle, une porte entrouverte vers un univers où le temps s’efface et où la couleur devient mémoire.