Photo London 2025 célèbre sa dixième édition du 15 au 18 mai à Somerset House, avec un programme anniversaire mettant à l’honneur la ville de Londres et son héritage photographique. L’événement rassemble de grandes galeries internationales, dont certaines présentes depuis les débuts du festival. Des expositions spéciales rendent également visible le travail d’artistes émergent·es ou non représenté·es.
Photo London 2025 célèbre ses dix ans avec une édition ambitieuse et internationale, accueillant à Somerset House des galeries fidèles depuis 2015 comme Robert Hershkowitz Ltd, Purdy Hicks (stand dédié aux artistes femmes), CAMERA WORK (Berlin) avec des œuvres d’Irving Penn et Chris Levine, ou Bildhalle (Zurich) qui présentent des tirages rares de René Groebli. Une exposition majeure rend hommage à la capitale britannique, incarnée cette année par le Master of Photography. Un marché du livre consacré aux éditeur·ices indépendant·es renforce la place de l’édition dans l’écosystème photographique. Enfin, la nouvelle section Positions offre une visibilité novatrice aux artistes non représenté·es. Plusieurs galeries misent sur des expositions monographiques : ROSEGALLERY voue la sienne à Tania Franco Klein, lauréate 2018 ; Bacqueville (Lille) dévoile des œuvres inédites de David de Beyter ; Guerin Projects accroche sur ses cimaises les abstractions de Robin Hunter Blake sur le thème de l’amour ; et UP Gallery (Taïwan) fait découvrir Mia Liu. Pour cet anniversaire, Amar Gallery expose Dora Maar et Stephen Shames (Black Panthers), tandis que Peter Fetterman Gallery revient sur les moments qui ont marqué la galerie. Podbielski Contemporary met en lumière des artistes du Moyen-Orient (Ghadirian, Matar, Sabella, Yairi), et la Music Photo Gallery rend hommage à Bob Dylan et John Lennon. L’Amérique latine est à l’honneur avec, entre autres, des photographies vintages de Graciela Iturbide (David Hill Gallery). EUQINOM Gallery (San Francisco) et Close Gallery (Somerset) fait le choix de dévoiler les travaux d’artistes femmes utilisant techniques alternatives comme Adama Delphine Fawundu ou Carali McCall. Cette dernière réalise aussi une performance live. La foire renforce par ailleurs son partenariat avec TurkishBank UK, accueillant des galeries d’Istanbul notamment Simbart Projects, qui met en exergue Begüm Mütevellioğlu mêlant photographie et peinture. Enfin, Belmond revient avec une exposition de Colin Dodgson consacrée à deux trains mythiques – l’Andean Explorer et l’Eastern & Oriental Express. Elle est accompagnée d’un livre paru chez RVB Books. Pour sa directrice Sophie Parker, cette édition incarne l’esprit de Photo London : une célébration du 8e art sous toutes ses formes, de la plus classique à la plus expérimentale.
Un catalyseur des pratiques photographiques de demain
Photo London 2025 réaffirme son engagement envers les scènes émergentes de la photographie contemporaine. Deux sections phares incarnent cette volonté de mettre en lumière les artistes de demain et celles et ceux qui ne sont pas encore représenté·es : Discovery et Positions, qui fonctionnent tels de véritables laboratoires de la création photographique actuelle. La division Discovery, confiée à la critique d’art et autrice Charlotte Jansen, est reconnue comme l’un des espaces les plus dynamiques pour découvrir de nouveaux talents à l’échelle internationale. En 2025, elle réunit une vingtaine de galeries, parmi lesquelles la Mortal Machine Gallery (Nouvelle-Orléans) qui présente Bee Gats et ses portraits bruts du milieu underground de Miami, ou bien Victoria Law (Londres) avec Lucia Pizzani, artiste vénézuélienne explorant les liens entre colonialisme et écologie à travers des matériaux chargés d’histoire. Discovery révèle aussi des pratiques expérimentales, comme celle de Polina Piech (galerie Roman Road), fraîchement diplômée du RCA, qui capture les paysages avec une sensibilité proche de la peinture de plein air. Charlotte Jansen souligne d’ailleurs un glissement perceptible cette année vers des formes de semi-abstraction, où l’appareil photo devient pinceau.
La section Positions, quant à elle, offre une plateforme inédite à des photographes non représenté·es par des galeries, leur permettant d’exposer dans un format équivalent à celui des professionnels. Imaginée par la mécène Maria Sukkar, Positions constitue une passerelle décisive entre les artistes émergent·es et le marché de l’art, comblant un vide structurel. En 2025, cette initiative audacieuse réunit Adam Rouhana, Giulia Mangione, Kalpesh Lathigra ou Aikaterini Gegisian — des artistes dont les approches singulières dessinent de nouveaux territoires. En plaçant les démarches expérimentales et les voix encore peu visibles au cœur de sa programmation, Photo London 2025 confirme sa position de catalyseur des pratiques photographiques de demain.