Cette année, 1870 autrices venues de 116 pays différents ont candidaté au Prix IWPA. Un succès retentissant pour l’événement souhaitant mettre en lumière les femmes photographes. Lumière sur le palmarès 2023.
Créé par l’association International Women in Photo Association, le Prix IWPA entend mettre en lumière des femmes photographes venues du monde entier, réduisant ainsi les inégalités sociales et discriminations présentes au sein du milieu artistique. Récompensant le travail d’une autrice professionnelle et d’une amatrice, le concours affirme cette année encore une volonté des créatrices de témoigner des enjeux sociopolitiques ancrés dans nos sociétés. Qu’elles adoptent une approche plasticienne, documentaire, ou réalisent des reportages, toutes développent des récits complexes où se croisent migrations, violence, guerre, mais aussi héritage ou empowerment.
Le 12 septembre, le jury, composé de personnalités venues du monde du 8e art, a désigné deux lauréates, cinq finalistes et une mention spéciale, réparties dans les deux catégories du Prix IWPA. Lee-Ann Olwage gagne le concours professionnel avec The Right To Play, et Looking Inside de Sara Bennett remporte la catégorie « amateure ». Deux séries témoignant de la diversité des projets reçus au cours de cette nouvelle édition. À leurs côtés, Luisa Dörr, Rayito Flores, Louise Amelie et Alena Grom s’imposent comme les finalistes professionnelles, Natalia Garbu, comme celle du prix amateur, et Lorraine Turci reçoit une mention spéciale.
Odes à la résilience et à la tolérance
C’est dans les couloirs des prisons américaines que l’Américaine Sara Bennett, ancienne avocate, a développé Looking Inside, une série de portraits de condamnées à perpétuité. « Plus de 200 000 personnes aux États-Unis sont enfermées à vie, c’est une punition qui n’existe presque dans aucun autre pays occidental », rappelle la photographe. Une jeune femme emprisonnée dès l’âge de 15 ans, une autre de 70 ans évoquant sa peur de mourir derrière les barreaux… Au fil des rencontres, l’autrice compose une mosaïque de représentations sensibles visant à humaniser ces victimes d’un système violent. « Chaque femme représentée vaut bien plus que la décision qui l’a envoyée en prison à vie. Elles sont toutes travailleuses, résilientes, dignes, introspectives et pleines de remords. Elles s’efforcent de mener une vie ayant du sens, d’être dignes de compassion », affirme-t-elle.
« À quoi rêvent les jeunes filles ? Et que se passe-t-il lorsqu’elles évoluent dans un environnement qui leur donne l’opportunité d’apprendre et de rêver ? », s’interroge Lee-Ann Olwage. Venue du Kenya, c’est dans son pays d’origine qu’elle réalise The Right To Play. Un projet poétique illustrant un univers parallèle et utopique, au sein duquel les femmes évoluent en toute liberté. « À l’échelle planétaire, 129 millions de filles ne sont pas scolarisées, et seuls 49 % des pays atteignent la parité des genres dans l’enseignement primaire (…). Dès leur plus jeune âge, on impose à de nombreuses filles leur avenir. Elles doivent grandir, trouver un mari, avoir des enfants. C’est tout », raconte la photographe. Mettant en scène des membres de Kakenya’s Dream, une association se battant pour encourager l’éducation des jeunes femmes, comme la disparition des mutilations génitales et des mariages forcés au Kenya, Lee-Ann Olwage imagine un espace délicat aux nuances rosées. Un territoire où les sourires naissent, les fleurs éclosent comme autant de nuances d’espoirs.