« On lira ce numéro dans les trains, sur les plages, après la sieste ou entre deux Ricard, c’est entendu. Mais ne vous attendez pas à un numéro alangui ou à une rêverie estivale pour esprits fatigués. L’été sera lutte. À Arles, le ton est donné : “images indociles”. La photographie, elle aussi, se cabre », déclare Benoît Baume, fondateur du magazine, dans son édito. Disponible en kiosque à compter de ce jour et intitulé Résistance, Fisheye #72 présente, comme son titre l’indique, des artistes qui s’engagent dans des causes qui leur tiennent à cœur par l’entremise de leurs compositions. « Dans ces pages, vous croiserez ces photographes qui, sans effets de manche ni banderoles, mènent ce combat du regard. Une résistance patiente, construite, où la lenteur devient un acte politique », poursuit-il.
Le dossier pose tout d’abord les bases de la thématique en s’intéressant à l’esthétique choisie par les photographes pour dépeindre les luttes. Le portrait retrace le parcours d’Agnès Geoffray. Bientôt exposée aux Rencontres d’Arles, l’artiste redonne voix à de jeunes filles que l’on a voulu réduire au silence. Guillaume Herbaut dévoile les dessous de trois images qu’il a réalisées en Ukraine tandis que Laurence Geai et Alain Keler, deux membres de l’agence MYOP, évoquent l’engagement dans leur pratique. Le cahier central s’inscrit dans ce prolongement. Dans Somebody Out There, Wayan Barre revient sur les disparitions qui se multiplient au cœur du plus grand territoire autochtone des États-Unis. Marcin Kruk convoque une palette pastel pour raconter le conflit russo-ukrainien différemment. Avec Leaving One for Another, Olgaç Bozalp met en scène le tiraillement de manière théâtrale. Masha Sviatahor réalise des collages à partir d’anciens magazines soviétiques pour relever les contractions de ce territoire, pendant que Chloe Sharrock manipule ses propres archives afin de réinventer l’image de guerre. Enfin, Adam Rouhana et Moayed Abu Ammouna documentent la vie en Palestine.