La recherche de l’équilibre

07 novembre 2018   •  
Écrit par Lou Tsatsas
La recherche de l'équilibre

Photographe venue de Hongrie, Csilla Klenyánszki s’intéresse à la place de la femme dans notre société. Ses créations mêlent sculpture, performance et image et mettent en lumière l’absurdité de notre quotidien. Une vision contemporaine à découvrir à Paris Photo.

Csilla Klenyánszki, photographe et artiste hongroise conçoit des œuvres hybrides – entre image, performance et installation. En 2012, Csilla termine ses études en photographie à l’Académie de Kooning, à Rotterdam. Elle se lance alors dans « une exploration de l’équilibre ». « Mes projets se trouvent aux frontières de l’absurde, explique-t-elle, quelque chose qui peut sembler étrange finit toujours par trouver sa place. » Psychologique comme physique, l’équilibre que la photographe travaille est fragile, friable. Dans Good Luck, sa première série photographique, datant de 2013, elle tente de l’interpréter en image. « Les clichés de Good Luck montrent cet instant d’équilibre éphémère, lorsque tout semble parfait, immobile, précise Csilla. Pour atteindre ce résultat, concentration et chance sont nécessaires. » Un processus lent, demandant une certaine patience à l’artiste, qui voit dans ces installations un rituel, une méditation. Une fois la construction érigée, les éléments se fondent les uns dans les autres, et forment une grande sculpture. « Ils interagissent et travaillent ensemble, ils se supportent les uns les autres, afin de ne pas s’effondrer », explique la photographe. La métaphore troublante d’une société idéale.

© Csilla Klenyanszki

Un corps féminin dominé par le poids des corvées

Après être devenue mère, en 2015, Csilla décide de se concentrer sur l’image de la femme dans notre société. Souvent conceptuelles, ses images utilisent des objets – des accessoires à la fois universels et symboliques – afin d’interroger nos coutumes. « Je ne cherche pas à créer des images surréalistes, l’absurde est plutôt la conséquence de mes recherches, déclare la photographe. Le monde dans lequel nous vivons est suffisamment insensé pour être une source d’inspiration. » Dans ses clichés évoluent des corps déshumanisés, soumis aux nombreux accessoires placés autour d’eux : une horloge, des ustensiles de ménage, ou encore des fleurs.

The reminiscence of being a woman montre un corps féminin dominé par le poids des corvées domestiques. Effaçant la frontière entre femme et objet, Csilla interroge son public : « Comment séparer l’identité d’un corps, et sa fonctionnalité ? » Le visage caché, les expressions masquées, les modèles évoluent dans un univers surréaliste, devenus de simples ustensiles. Dans House/hold, la photographe étudie la charge mentale – charge invisible représentant l’organisation de tout ce qui touche la sphère domestique : achats, soins, ménage, etc. « Je propose une solution ironique : incorporer trente minutes de yoga à ces sessions de rangement », s’amuse Csilla. L’entretien de la maison devient alors un instant de méditation, au cours duquel la femme transforme cette corvée en un exercice spirituel.

Entre photographie et performance, l’artiste hongroise invite l’absurde dans ses créations. Des mises en scène dont l’apparente légèreté met en lumière les inégalités de notre société. Un travail féministe à découvrir à Paris Photo, du 8 au 11 novembre.

© Csilla Klenyanszki© Csilla Klenyanszki
© Csilla Klenyanszki© Csilla Klenyanszki

© Csilla Klenyanszki

© Csilla Klenyanszki© Csilla Klenyanszki
© Csilla Klenyanszki© Csilla Klenyanszki
© Csilla Klenyanszki© Csilla Klenyanszki

© Csilla Klenyanszki

© Csilla Klenyanszki

Explorez
Ultra-violence, bodybuilding et livre d’artiste : nos coups de cœur photo du mois
© Kristina Rozhkova
Ultra-violence, bodybuilding et livre d’artiste : nos coups de cœur photo du mois
Expositions, immersion dans une série, anecdotes, vidéos… Chaque mois, la rédaction Fisheye revient sur les actualités photo qui l’ont...
Il y a 4 heures   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Instax mini 99 : les couleurs instantanées d’Aliocha Boi et Christopher Barraja 
© Christopher Barraja
Instax mini 99 : les couleurs instantanées d’Aliocha Boi et Christopher Barraja 
La photographie analogique ne cesse de séduire un large public. Pour Fujifilm, Aliocha Boi et Christopher Barraja s’emparent de l’Instax...
26 avril 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Flashs et paysages : les mondes mystiques d'lnka&Niclas
Family Portrait © Inka&Niclas
Flashs et paysages : les mondes mystiques d'lnka&Niclas
Des vagues et des palmiers rose-orangé, des silhouettes incandescentes, des flashs de lumières surnaturels dans des paysages grandioses....
24 avril 2024   •  
Écrit par Agathe Kalfas
Concours #RATPxFisheye : lumière sur les médaillé·es
© Jeanne Pieprzownik
Concours #RATPxFisheye : lumière sur les médaillé·es
Le 3 avril 2024, le jury du concours #RATPxFisheye a désigné ses trois lauréat·es. Guillaume Blot, Jeanne Pieprzownik et Guillaume...
23 avril 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Ultra-violence, bodybuilding et livre d’artiste : nos coups de cœur photo du mois
© Kristina Rozhkova
Ultra-violence, bodybuilding et livre d’artiste : nos coups de cœur photo du mois
Expositions, immersion dans une série, anecdotes, vidéos… Chaque mois, la rédaction Fisheye revient sur les actualités photo qui l’ont...
Il y a 4 heures   •  
Écrit par Lou Tsatsas
BMW ART MAKERS : les dégradés célestes de Mustapha Azeroual et Marjolaine Lévy
© Mustapha Azeroual / BMW ART MAKERS
BMW ART MAKERS : les dégradés célestes de Mustapha Azeroual et Marjolaine Lévy
Le programme BMW ART MAKERS, initiative de soutien à la création, accueille cette année le duo d’artiste/curatrice composé par Mustapha...
Il y a 8 heures   •  
Écrit par Milena Ill
La sélection Instagram #452 : la danse sous toutes ses formes
© Aleksander Varadian Johnsen / Instagram
La sélection Instagram #452 : la danse sous toutes ses formes
Cette semaine, les photographes de notre sélection Instagram capturent les corps – et même les éléments – qui dansent à en perdre...
30 avril 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
3 questions à Juliette Pavy, photographe de l’année SWPA 2024
En plus de la douleur et des saignements, ces “spirales“ sont également à l’origine de graves infections qui ont rendu leurs victimes définitivement stériles. © Juliette Pavy
3 questions à Juliette Pavy, photographe de l’année SWPA 2024
À travers son projet sur la campagne de stérilisation forcée au Groenland entre 1966 et 1975, la photographe française Juliette...
29 avril 2024   •  
Écrit par Cassandre Thomas