Avec Terres Basses, Gabrielle Duplantier signe un ouvrage personnel, une brèche intime. Composé d’images en noir et blanc, son livre nous emporte dans un monde poétique, porté par le deuil.
Le nouveau livre de Gabrielle Duplantier est composé de photos prises depuis 2014. Si la photographe n’a pas pour habitude de penser en séries, ici, les images rassemblées lui parlent, et déroulent un récit commun. Terres Basses naît alors, un livre profondément sensible et douloureux. « J’ai perdu ma mère, lorsque j’ai commencé à prendre ces photos », confie-t-elle. « Une part de mon monde affectif s’est alors effondré ». Le deuil est présent sur les pages, dans chaque photo privée de couleur.
Le titre, Terres Basses, est inspiré d’un morceau composé par son frère, intitulé Low Lands. « Il évoque le voyage d’une âme dans les airs, en liberté absolue », précise Gabrielle, une pensée affectueuse à leur mère. Ce titre donne de la force à la photographe. Pour elle, il devient synonyme de réconfort, une sensation chaleureuse, trouvée cette fois loin du ciel, au ras du sol. La terre est la protagoniste du livre. Qu’elle transparaisse dans la nature boisée où qu’elle devienne planète, abritant des hommes, elle contrôle le récit, et lui impose son calme, sa sérénité. Dans Terres Basses, l’urbain est absent, et le retour aux sources semble laver les blessures.
L’image a la parole
Les mots sont absents du livre de Gabrielle, comme un hommage silencieux à l’image. « Les explications ne sont pas nécessaires, sans elles, le sens se brouille, et les images hurlent seules. La photographie est un langage en soi, qui peut aisément se passer de mots », explique-t-elle. En interdisant à ceux-ci de dénaturer ses photos, l’artiste garde le contrôle son histoire. Ici, tout est question d’émotion. Les noir et blanc évoquent à la fois la tristesse et la dépossession. « Cela ne me gêne pas », affirme la photographe. « Au contraire, il n’est alors question que de lumière, de lignes, de sensations et de symboles. » Portés par cet univers décoloré, les clichés se teintent de nostalgie. Chaque portrait laisse deviner une histoire et chaque paysage semble renvoyer à l’enfance. « Il y a la maison, les refuges, des lieux désolés… Les enfants qui grandissent autour, les gens de ma vie, ceux que j’ai croisés… Ce sont eux, et les paysages autour qui incarnent l’émotion que j’ai en moi ». Fiction ou autobiographie, l’ouvrage muet de Gabrielle raconte avec brio son histoire poignante.
Terres Basses, Édition Lamaindonne, 36 €, 144 p.
© Gabrielle Duplantier