Les coups de cœur #410

10 octobre 2022   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Les coups de cœur #410

Nos coups de cœur #410, Cameron James McLaren et Oriane Thomasson, utilisent tous deux le dessin pour repousser les frontières de la photographie. L’un s’en sert pour explorer les conséquences du confinement, et l’autre s’inspire de sa technique pour capturer un univers étrange, entre nature et artifice.

Cameron James McLaren

« J’ai découvert le 8e art par le biais du livre photo lorsque j’étais enfant, en fouillant dans la collection de mon père. J’ai vite été fasciné par la manière dont le médium pouvait combiner plusieurs perspectives en une seule voix cohérente »

, raconte Cameron James McLaren. Depuis, le photographe canadien installé en Nouvelle Zélande développe une écriture documentaire traditionnelle, nourrie par certains éléments contemporains. « Je veux que mon travail soit autobiographique, tout en traitant des communautés sous-représentées. Antoine D’Agata disait qu’il ne voulait jamais prendre la position d’un simple observateur, et cette idéologie m’a toujours plu », poursuit l’auteur. Ainsi, avec Folk Syndrome, il s’appuie sur un événement global – le confinement – pour étudier ses effets psychologiques sur les jeunes, et ses conséquences sur les familles et les foyers. À la croisée des arts, la série emprunte au dessin, au collage et à l’image pour explorer les échos créés par cette période à part dans l’histoire. Une collection d’œuvres touchantes s’approchant de l’intimité d’un ordinaire familier. « Ce qui m’inspire, ce sont les moments de calme au cœur de l’instabilité, les instants les plus infimes qui naissent dans tout le reste. La musique est également très importante, elle permet une compréhension de nos émotions, elle nous représente », ajoute Cameron James McLaren.

Folk Syndrome, Éditions Cabin Fever Books, 40$NZ, 90 p.

© Cameron James McLaren

© Cameron James McLaren© Cameron James McLaren
© Cameron James McLaren© Cameron James McLaren

© Cameron James McLaren

© Cameron James McLaren

Oriane Thomasson

Artiste française établie à Bruxelles, Oriane Thomasson s’est tournée vers la photographie après avoir étudié le dessin. Une pratique qui a influencé sa manière d’observer les formes, les couleurs et les matières. Pour elle, le 8e art est synonyme de construction, de visions qui grandissent et se développent au gré de nos explorations du monde et « des voyages et des fantasmes qui en découlent », précise-t-elle. Adepte du numérique et de l’argentique, du scan, de la couleur comme du monochrome, l’autrice aime « susciter des frictions, souligner les intervalles qui sont entre chaque image ». Et au cœur de son travail se trouve un désir d’interroger le rôle de l’imaginaire et sa représentation dans des cadres atypiques – la science, et l’histoire naturelle, notamment. Une thématique qu’elle développe dans Paradis. « J’ai commencé à travailler sur ce projet en photographiant des décors de zoos et de muséums d’histoire naturelle, en m’interrogeant sur notre façon de penser et de représenter cette nature exotique venue de pays lointains », raconte Oriane Thomasson. Entre le naturel et l’artificiel, l’artiste construit un univers étrange, aux frontières de l’impossible. Créatures éteintes et végétations tropicales s’y côtoient, comme pour interroger nos fascinations pour l’inconnu. Un ensemble presque futuriste, résonnant avec les préférences littéraires de la photographe. « La science-fiction d’Ursula K. Le Guin et de J.G. Ballard sont de grandes sources d’inspiration qui me permettent de prolonger mon univers visuel », commente-t-elle.

© Oriane Thomasson

© Oriane Thomasson© Oriane Thomasson
© Oriane Thomasson© Oriane Thomasson

© Oriane Thomasson

© Oriane Thomasson

Image d’ouverture : © Oriane Thomasson

Explorez
Albert Kahn et ses balades végétales
© Albert Kahn
Albert Kahn et ses balades végétales
Jusqu’au 30 décembre, le musée Albert Kahn présente une exposition de photographies du philanthrope, qui met en lumière sa passion pour...
04 mai 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Flower Rock : Ana Núñez Rodriguez verse des larmes d’émeraude
© Ana Núñez Rodríguez
Flower Rock : Ana Núñez Rodriguez verse des larmes d’émeraude
Aujourd’hui encore, l’extraction de cette pierre charrie de nombreuses croyances et légendes. C’est ce qui a captivé Ana Núñez Rodríguez...
02 mai 2024   •  
Écrit par Cassandre Thomas
BMW ART MAKERS : les dégradés célestes de Mustapha Azeroual et Marjolaine Lévy
© Mustapha Azeroual / BMW ART MAKERS
BMW ART MAKERS : les dégradés célestes de Mustapha Azeroual et Marjolaine Lévy
Le programme BMW ART MAKERS, initiative de soutien à la création, accueille cette année le duo d’artiste/curatrice composé par Mustapha...
30 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Dans l'œil de Gareth Phillips : le pin qui pleurait la Terre
© Gareth Phillips, Pinus Patula, The Mexican Weeping Pine, 2017
Dans l’œil de Gareth Phillips : le pin qui pleurait la Terre
Cette semaine, plongée dans l’œil de Gareth Phillips. L'œuvre du photographe tente notamment de répondre à l’urgence climatique qui hante...
29 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les images de la semaine du 29.04.24 au 05.04.24 : un 8e art vivant
© Fanny Deniau El Maimouni
Les images de la semaine du 29.04.24 au 05.04.24 : un 8e art vivant
C’est l’heure du récap‘ ! Les photographes de la semaine s’exposent aux quatre coins de la France, mais aussi par-delà ses frontières. ...
05 mai 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Albert Kahn et ses balades végétales
© Albert Kahn
Albert Kahn et ses balades végétales
Jusqu’au 30 décembre, le musée Albert Kahn présente une exposition de photographies du philanthrope, qui met en lumière sa passion pour...
04 mai 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Yelena Yemchuk : Odessa, ville enchantée
© Yelena Yemchuk
Yelena Yemchuk : Odessa, ville enchantée
En septembre 2022, l’artiste américano-ukrainienne Yelena Yemchuk publie Odessa aux éditions Gost Books. Hommage amoureux à la ville...
03 mai 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Berlin, Robert Frank et portrait flou : dans la photothèque de Diane Meyer
© Diane Meyer
Berlin, Robert Frank et portrait flou : dans la photothèque de Diane Meyer
Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les auteurices publié·es sur les pages de Fisheye reviennent sur...
03 mai 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet