La poésie des souvenirs imprécis

27 août 2020   •  
Écrit par Lou Tsatsas
La poésie des souvenirs imprécis

Dans From Now On, publié aux éditions Disko Bay, Alexander Arnild Peitersen rassemble six années de création. Une illustration captivante des états d’âme humains, inspirée par la poésie.

Une chambre dérangée, un baiser volé lors d’une soirée, un paysage hivernal… Les photographies qui composent From Now On se lisent comme des souvenirs imparfaits. Des fragments de mémoire qui s’obstinent et demeurent ancrés dans l’esprit d’Alexander Arnild Peitersen. Le photographe danois de 33 ans est tombé amoureux du 8e art alors qu’il était enfant. « J’avais découvert un vieux Polaroïd, et ce boîtier me paraissait magique », raconte-t-il. Dès lors, l’auteur embarque dans un voyage personnel, spontané, où toute décision dépend d’une simple intuition. « Mon approche est le reflet de mon ressenti. De mes émotions à un moment donné. Je ne sais jamais ce que je vais shooter. C’est après, durant la phase d’éditing, que je découvre ce que j’ai voulu raconter », explique-t-il.

© Alexander Arnild Peitersen

Rédiger son propre récit

From Now On

est le reflet de ce travail libre. En jouant avec différents formats, différentes esthétiques, Alexander Arnild Peitersen fait le récit de son quotidien sur six années. Un quotidien étrange, aussi lointain que familier. Dans ces images, pas de symboles précis, mais plutôt un encouragement discret – à l’intention du regardeur – de rédiger son propre récit. « J’ai toujours vu la photographie comme de la poésie. Elle aussi dépend du rythme, du phrasé, des répétitions et des changements. Chaque personne la percevra d’une manière différente », confie-t-il.

Au fil des images, pourtant, il nous semble déceler une histoire – celle de tout être vivant. La nature nous éveille, et nous gorge d’une énergie contagieuse. Dans les appartements aux lumières tamisés, des inconnus font la fête, sombrent dans l’ivresse, tombent amoureux. Çà et là des doutes, des blessures apparaissent, parfois physiques, parfois invisibles. En couleur comme en noir et blanc, dans des tons doux ou sous des flashs aveuglants, les silhouettes s’animent et vivent, sous l’œil attentif du photographe. En six ans, celui-ci fait le portrait d’une humanité, dans toute sa complexité. Ses clichés deviennent des métaphores et illustrent les états d’âme de ses rencontres comme de ses proches. « Le médium photographique m’a toujours paru changeant. Je peux capturer un moment donné, qui se sera complètement transformé trois jours plus tard. Les significations sont fluides, évoluent », ajoute-t-il. Un ouvrage retraçant le chemin sinueux d’un ordinaire fluctuant.

 

From Now On, Éditions Disko Bay, 50€ (signé), 112 p.

© Alexander Arnild Peitersen© Alexander Arnild Peitersen

© Alexander Arnild Peitersen

© Alexander Arnild Peitersen© Alexander Arnild Peitersen

© Alexander Arnild Peitersen

© Alexander Arnild Peitersen© Alexander Arnild Peitersen

© Alexander Arnild Peitersen

© Alexander Arnild Peitersen

Explorez
La sélection Instagram #452 : la danse sous toutes ses formes
© Aleksander Varadian Johnsen / Instagram
La sélection Instagram #452 : la danse sous toutes ses formes
Cette semaine, les photographes de notre sélection Instagram capturent les corps – et même les éléments – qui dansent à en perdre...
30 avril 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #490 : Guillaume Nedellec et Simona Pampallona
© Guillaume Nedellec
Les coups de cœur #490 : Guillaume Nedellec et Simona Pampallona
Nos coups de cœur de la semaine, Guillaume Nedellec et Simona Pampallona, nous plongent tous·tes deux dans une esthétique en...
29 avril 2024   •  
Isabelle Vaillant : récits d’une construction intime
© Isabelle Vaillant
Isabelle Vaillant : récits d’une construction intime
Jusqu’au 19 mai 2024, la photographe Isabelle Vaillant investit L’Enfant Sauvage, à Bruxelles, en proposant une exposition rétrospective....
26 avril 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Elie Monferier : le filon au bout de l’échec
© Elie Monferier
Elie Monferier : le filon au bout de l’échec
Imaginé durant une résidence de territoire au cœur du Couserans, en Ariège, Journal des mines, autoédité par Elie Monferier, s’impose...
25 avril 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Albert Kahn et ses balades végétales
© Albert Kahn
Albert Kahn et ses balades végétales
Jusqu’au 30 décembre, le musée Albert Kahn présente une exposition de photographies du philanthrope, qui met en lumière sa passion pour...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Costanza Spina
Yelena Yemchuk : Odessa, ville enchantée
© Yelena Yemchuk
Yelena Yemchuk : Odessa, ville enchantée
En septembre 2022, l’artiste américano-ukrainienne Yelena Yemchuk publie Odessa aux éditions Gost Books. Hommage amoureux à la ville...
03 mai 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Berlin, Robert Frank et portrait flou : dans la photothèque de Diane Meyer
© Diane Meyer
Berlin, Robert Frank et portrait flou : dans la photothèque de Diane Meyer
Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les auteurices publié·es sur les pages de Fisheye reviennent sur...
03 mai 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Christophe Berlet, la boxe Thaï dans la peau
© Christophe Berlet
Christophe Berlet, la boxe Thaï dans la peau
« Quand j’étais petit, ma mère m’a interdit de faire de la boxe Thaï. Elle disait que dans son pays, c’était pour les mauvais garçons. »...
03 mai 2024   •  
Écrit par Agathe Kalfas