Anaïs Tondeur remporte le Prix Photographie & Sciences 2023

09 novembre 2023   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Anaïs Tondeur remporte le Prix Photographie & Sciences 2023
© Anaïs Tondeur
© Anaïs Tondeur

La nouvelle est tombée : Anaïs Tondeur devient la troisième lauréate du Prix Photographie & Sciences pour Fleurs de feux, le témoignage des cendres. Sa série primée rend compte d’une étude menée sur ces végétaux qui parviennent à pousser dans les sols extrêmes de l’anthropocène

Succédant à Richard Pak et à Manon Lanjouère, Anaïs Tondeur remporte l’édition 2023 du Prix Photographie & Sciences. À l’origine de ce dernier se trouve une volonté de réunir deux disciplines que tout semble opposer. « Si la première convoque le sensible et les imaginaires, la seconde s’inscrit dans la raison et la réalité. Et pourtant, à y regarder de plus près, elles ont en commun de questionner le monde en rendant visible l’invisible, repoussant les frontières de la connaissance, donnant à voir autrement. Si la photographie raconte les circonvolutions du monde, les sciences nous aident à mieux les comprendre », souligne Philippe Guionie, délégué général de la récompense. La démarche – encouragée par la Résidence 1+2, le ministère de la Culture, l’ADAGP, le CNRS, Stimultania, Picto Foundation et les partenaires médias Sciences et Avenir – La Recherche et Fisheye – a ainsi pour vocation de soutenir un ou une artiste dans l’aboutissement d’un projet, qui entremêle ces deux champs de recherche, aux côtés de scientifiques. 

© Anaïs Tondeur
© Anaïs Tondeur
© Anaïs Tondeur

Des milieux modifiés par l’activité humaine

Après avoir écumé un certain nombre de candidatures, le jury s’est réuni le 3 octobre dernier, au cœur des locaux de l’ADAGP, et s’est donc accordé sur le nom d’Anaïs Tondeur. L’heureuse élue remporte une dotation de 7 000 € lui permettant de poursuivre Fleurs de feux, le témoignage des cendres. Pluridisciplinaire, sa série soulève des interrogations ayant trait à l’écologie, à l’archéo-botanique et la philosophie. « Le premier geste de ce projet a pris forme avec le philosophe Michael Marder et la flore irradiée de la Zone d’exclusion à Tchernobyl. Intitulé Tchernobyl Herbarium, cet herbier s’épaissit chaque année d’un nouveau fragment textuel et rayographique, créé par l’empreinte directe de spécimens végétaux radioactifs sur feuilles photosensibles », explique l’artiste. 

Pour la prochaine étape de création, Anaïs Tondeur et Michael Marder s’intéresseront aux plantes rudérales ou, autrement dit, qui évoluent dans un milieu modifié par l’activité ou la présence humaine. Pour ce faire, le duo se rendra sur la Terre des Feux, dans la région de Naples, où se trouve la plus grande décharge à ciel ouvert d’Europe. « Dans un protocole photographique expérimental et écologique, je recueillerai la trace du corps de ces plantes sans les extraire des sols. Cette rencontre par l’image aura ainsi lieu sans autre intervention qu’une mise en contact des éléments en présence », poursuit l’artiste. En résulteront alors de nouveaux tirages dans lesquels les fleurs éclatantes brilleront dans un fond brumeux, semblable à la nuit promise par l’anthropocène poussé à son paroxysme. 

À lire aussi
« Inventer d’autres façons de penser la place de l’humain parmi le vivant »
« Inventer d’autres façons de penser la place de l’humain parmi le vivant »
Rencontre avec la photographe Anaïs Tondeur qui revient sur sa résidence avec la Fondation Photo4Food, dans le cadre du Festival Planches…
12 janvier 2021   •  
Écrit par Finley Cutts
Nicolas Hrycaj : « Après les fleurs », il y aura le feu de vie
Nicolas Hrycaj : « Après les fleurs », il y aura le feu de vie
Après les fleurs, c’est l’histoire d’un paysage volcanique poétiquement fertile. Avec cette série, Nicolas Hrycaj nous transporte au cœur…
16 février 2023   •  
Écrit par Ana Corderot
Explorez
Les coups de cœur #557 : Jeanne-Lise Nédélec et  Stéphanie Labé
Respirer © Jeanne-Lise Nédélec
Les coups de cœur #557 : Jeanne-Lise Nédélec et Stéphanie Labé
Jeanne-Lise Nédélec et Stéphanie Labé, nos coups de cœur de la semaine, voient dans les paysages naturels un voyage introspectif, une...
01 septembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Inuuteq Storch : une photographie inuit décoloniale
Keepers of the Ocean © Inuuteq Storch
Inuuteq Storch : une photographie inuit décoloniale
Photographe inuit originaire de Sisimiut, Inuuteq Storch déconstruit les récits figés sur le Groenland à travers une œuvre sensible et...
30 août 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
FLOW, le nouveau rendez-vous photographique en Occitanie
© Chiara Indelicato, L'archipel, Bourses Ronan Guillou, 2024
FLOW, le nouveau rendez-vous photographique en Occitanie
Du 20 septembre au 30 octobre 2025, The Eyes inaugure, en Occitanie, la première édition de FLOW, un parcours inédit consacré à la...
27 août 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Chiara Indelicato, voix de Stromboli
© Chiara Indelicato, Pelle di Lava
Chiara Indelicato, voix de Stromboli
Exposée à la galerie Anne Clergue, à Arles, jusqu’au 6 septembre 2025, Pelle di Lava, le livre de Chiara Indelicato paru cette année chez...
09 août 2025   •  
Écrit par Milena III
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Sandra Calligaro : à Visa pour l'image, les Afghanes sortent de l'ombre
Fahima (17 ans) révise dans le salon familial. Elle suit un cursus accessible en ligne sur son smartphone. Kaboul, Afghanistan, 24 janvier 2025. © Sandra Calligaro / item Lauréate 2024 du Prix Françoise Demulder
Sandra Calligaro : à Visa pour l’image, les Afghanes sortent de l’ombre
Pour la 37e édition du festival Visa pour l’Image à Perpignan qui se tient jusqu’au 14 septembre 2025, la photojournaliste Sandra...
Il y a 11 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Fisheye #73 : vivre d'Amour et d'images
© Jenny Bewer
Fisheye #73 : vivre d'Amour et d’images
Dans son numéro #73, Fisheye sonde les représentations photographiques de l’amour à l’heure de la marchandisation de l’intime. À...
05 septembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nicole Tung, ultime lauréate du Prix Carmignac !
Diverses espèces de requins, dont certaines sont menacées d'extinction, tandis que d'autres sont classées comme vulnérables, ont été ramenées à terre à l'aube par des pêcheurs commerciaux au port de Tanjung Luar, le lundi 9 juin 2025, à Lombok Est, en Indonésie. Tanjung Luar est l'un des plus grands marchés de requins en Indonésie et en Asie du Sud-Est, d'où les ailerons de requins sont exportés vers d'autres marchés asiatiques, principalement Hong Kong et la Chine, où les os sont utilisés dans des produits cosmétiques également vendus en Chine. La viande et la peau de requin sont consommées localement comme une importante source de protéines. Ces dernières années, face aux vives critiques suscitées par l'industrie non réglementée de la pêche au requin, le gouvernement indonésien a cherché à mettre en place des contrôles plus stricts sur la chasse commerciale des requins afin de trouver un équilibre entre les besoins des pêcheurs et la nécessité de protéger les populations de requins en déclin © Nicole Tung pour la Fondation Carmignac.
Nicole Tung, ultime lauréate du Prix Carmignac !
La lauréate de la 15e édition du Prix Carmignac vient d’être révélée : il s’agit de la photojournaliste Nicole Tung. Pendant neuf mois...
04 septembre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
RongRong & inri : « L'appareil photo offre un regard objectif sur le sentiment amoureux »
Personal Letters, Beijing 2000 No.1 © RongRong & inri
RongRong & inri : « L’appareil photo offre un regard objectif sur le sentiment amoureux »
Le couple d’artiste sino‑japonais RongRong & inri, fondateur du centre d’art photographique Three Shadows, ouvert en 2007 à Beijing...
04 septembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger