Cette année, le jury de Planches Contact a décoré Cloé Harent du grand prix Tremplin Jeunes Talents qui, comme son nom le suggère, soutient les talents émergents. Dans Bruit rose, sa série primée, la photographe s’intéresse à la biodiversité présente sur les estrans normands.
Parmi les évènements phares de Planches Contact se compte la remise des prix du Tremplin Jeunes Talents. Après avoir étudié avec attention un ensemble de 280 candidatures, le jury, présidé par Sarah Moon, a invité Nicola Fioravanti, Cloé Harent, Maximilien Schaeffer, Rachel Seidu et Marie Wengler à partir en résidence. Pendant plusieurs semaines, toutes et tous ont entamé une exploration de la Normandie et de leur pratique artistique afin de composer une série inédite saisissant les contours du territoire. Depuis le 19 octobre, les œuvres créées ont pris place sur les cimaises du Point de Vue. À la suite de cette restitution, le jury s’est une nouvelle fois réuni et a choisi de distinguer l’autrice de Bruit rose. En récompense, elle bénéficie d’une résidence et d’une exposition à InCadaquès, en Espagne, qui auront lieu en 2025.
Les portraits renouvelés de la faune marine
« Avec Cloé Harent, c’est un Deauville de l’infiniment petit, mollusques, lichen, anémones qui surgit dans ces espaces jamais jusqu’à présent explorés par les jeunes talents : “les estrans”, la laisse de mer. Cet espace poétique auquel les vagues abandonnent et entretiennent toute une vie minuscule, témoin étrange d’un temps géologique », s’accordent à dire les membres du jury. De fait, la photographe a sondé le monde alentour et a découvert des beautés ignorées par beaucoup et pourtant évidentes aux yeux de cette native du Sud-Ouest. Sa démarche s’inscrit dans un temps long, puise son essence au gré des marées. Le titre de la série fait d’ailleurs écho au son que nous entendons lorsque nous portons un coquillage à notre oreille. Il invite à s’ancrer dans le moment présent, à se concentrer sur nos perceptions et à suivre notre instinct.
Pour Bruit rose, Cloé Harent a justement délaissé son approche documentaire habituelle pour s’adonner à une expérimentation plus plastique. « J’ai été sélectionnée au départ pour réaliser des portraits. Et finalement, c’est au cours d’une promenade avec Laure [Serani, directrice artistique du festival Planches Contact, ndlr], le premier jour, qui était aussi mon anniversaire, que j’ai été éblouie par tout ce que je voyais autour de moi. À ce moment-là, je travaillais sur des portraits, et j’essuyais beaucoup de refus. Je suis hypersensible : cette période fut donc très compliquée pour moi. J’ai alors pris refuge dans la mer, au bord de l’eau, sur la plage. Ici, personne ne pouvait me dire non », explique-t-elle en riant. Finalement, ses tirages spontanés esquissent ainsi des paysages iodés, « si paisibles et si beaux », ou des portraits renouvelés de la faune marine dont nous ne savons que peu de choses encore.