L’expérimentation se trouve au centre de la pratique de Starry Kong et Clémentine Belhomme, nos coups de cœur #478. La première emploie le médium pour mettre des images sur ce qu’elle ne peut exprimer, tandis que la seconde assouvit une quête d’hybridation nimbée de douceur.
Starry Kong
Née à Kunming, en Chine, et installée à Melbourne, Starry Kong explore la part d’intangibilité et d’inexprimable des sentiments humains. Souffrant d’une dépression longue de plus d’une dizaine d’années, elle développe une œuvre symbolique, faite de métaphores poétiques et de paraboles. Sa maladie, ses expériences de perte, de deuil ou d’aliénation sont ainsi devenues autant le déclencheur que le socle d’une pratique créative lucide, empreinte de sagesse. You can’t walk this earth forever. Someday you will have to fly. est une série qu’elle a réalisée en 2020, et qui est résulte d’une tentative de comprendre la condition humaine et sa problématique existentielle : notre mortalité. « La photographie et l’art sont comme des étoiles qui brillent dans mon ciel sombre », confie-t-elle. Pour achever son propos, elle ajoute avec sagacité : « L’art sauve des vies. »
Clémentine Belhomme
« J’ai eu la chance d’être baignée très jeune dans un monde d’images. Mon grand-père paternel était un grand amateur de photographie. Il passait beaucoup de temps à arpenter les brocantes à la recherche de boîtiers et de vieilles caméras qu’il se plaisait à réparer. Il possédait également un tout petit laboratoire dans son garage. J’ai le souvenir de l’avoir vu réaliser quelques tirages, montrant à mon frère et moi, le regard émerveillé, les images apparaître sur le papier argentique dans le révélateur. Cela me paraissait magique », se remémore Clémentine Belhomme. Fascinée par le 8e art depuis ses plus jeunes années et la culture visuelle en héritage, ce n’est qu’au cours de ses études supérieures aux Beaux-Arts de Caen qu’elle renoue avec le procédé argentique. Le médium s’impose dès lors comme un moyen d’expression et d’expérimentations sans pareil. « La mécanique d’hybridation m’intéresse. Je recherche une forme de pictorialisme, de douceur et de poésie. J’ose espérer que la photographie peut nous emmener vers un ailleurs, vers des mondes oniriques toujours en demi-teinte. J’aime travailler les textures, les matières, le flou, mais également faire référence à l’histoire de l’art », énumère-t-elle. Dans ses différents projets éditoriaux, le corps se révèle ainsi comme « une instance active, surréaliste, sculpturale et en mutation » au travers de mises en scène aux lumières diffuses.