« L’armée et les hommes et femmes d’affaires vivent à l’intérieur d’une bulle et ne réalisent pas la manière dont les choses sont perçues de l’extérieur. »
Cette semaine, plongée dans l’œil de Nikita Teryoshin. Ce photoreporter a arpenté les foires d’armement aux quatre coins du monde afin de documenter des espaces peu connus, où pourtant militaires, politiques, hommes et femmes d’affaires s’approvisionnent pour mener les conflits de masse dont nous pouvons témoigner chaque jour. Pour Fisheye, il revient sur l’un des clichés publié dans son livre Nothing Personal, qui garde la trace d’une scène mémorable.
« C’était à Minsk, en Biélorussie, sur un terrain d’aviation qui faisait partie de l’exposition. Je venais de déjeuner et je marchais. J’ai aperçu un officier de dos, qui avait l’air de s’ennuyer. Il regardait un satellite – celui-ci faisait partie d’un camion multimédia de l’armée biélorusse. J’ai remarqué un cercle sur le satellite en question, et que le chapeau de l’officier s’y intégrait à merveille – tant par sa couleur que par sa forme – comme une sorte d’anneau sacré. Aussitôt, j’ai sorti mon appareil photo et capturé la première image possible. Il s’est alors retourné et s’est exclamé : “Oh ! Je suis désolé, je vais me mettre sur le côté pour que vous puissiez prendre une meilleure photo.” Je lui ai répondu que j’avais déjà pris le cliché parfait.
Cela en dit long sur ce monde, qui forme une sorte de bulle dans laquelle toutes ces foires se déroulent, notamment parce que ces évènements ne sont pas couverts par la presse générale. L’armée et les hommes et femmes d’affaires vivent à l’intérieur de celle-ci et ne réalisent pas la manière dont les choses sont perçues de l’extérieur. Cette idée de bulle est également pertinente lorsque l’on pense au fait que tous·tes ces soldat·es font partie de la machine de guerre, et qu’ensemble iels forment un système. »