» Ce sujet a toujours été problématique, mais il le devient encore davantage avec le réchauffement climatique, qui est responsable de l’augmentation de la fréquence et de la violence des tempêtes frappant le littoral. »
Cette semaine, plongée dans l’œil de Sophie Alyz. Dans Les Atomes à coquille, une série actuellement présentée au festival Planches Contact, à Deauville, la photographe française s’intéresse au recul du trait de côte par l’entremise d’une approche poétique. Pour Fisheye, elle revient en détail sur l’image d’un clocher à la forme atypique et bien réelle.
« Cette image fait partie de la série Les Atomes à coquille, qui a été réalisée dans le cadre de Planches Contact, dont j’ai eu la chance de faire partie cette année, notamment grâce à la fondation Photo4Food. Cette dernière sélectionne, pour chaque édition, quatre photographes qui rejoignent la résidence de création. D’ailleurs, si vous ne connaissez pas cette fondation, elle fait un travail incroyable au profit des personnes les plus démunies. À cet effet, au cours du festival, elle organise une vente aux enchères de tirages dont les bénéfices sont reversés à la Croix-Rouge.
Dans le cadre de cette résidence, j’ai donc fait plusieurs séjours en Normandie, entre février et juin 2024, pour travailler sur le thème de l’érosion côtière. Ce sujet a toujours été problématique, mais il le devient encore davantage avec le réchauffement climatique, qui est responsable de l’augmentation de la fréquence et de la violence des tempêtes frappant le littoral.
Je ne voulais cependant pas évoquer le sujet de façon dramatique, je cherchais au contraire à insuffler aux images une certaine poésie de l’impermanence, voire une forme d’humour, comme ici. Il s’agit du clocher de l’église de la commune d’Offranville, en Seine-Maritime. Il existe de nombreux clochers tors, mais celui-ci relèverait d’une erreur : des pièces destinées à le renforcer auraient été oubliées lors de sa construction, au 16e siècle. Ainsi exposé aux vents violents, il a fini par vriller, ce qui, à mon sens, le rend particulièrement esthétique, même expressif.
Comme sur d’autres images de cette série, je suis intervenue directement sur les tirages pour créer des reliefs évoquant les tempêtes et marées, métaphore picturale de l’érosion. »