« Ici, on est très loin d’un regard voyeur, d’un fétichisme quelconque de “meufs qui s’embrassent”. »
Cette semaine, plongée dans l’œil d’Oriane Robaldo. Au cœur d’un shooting spontané – dans le cadre de sa série Amy et Paula – la photographe installée à Paris parvient à saisir un moment de tendresse qui résonne étrangement avec sa pratique artistique. Pour Fisheye, elle revient sur les émotions qui l’animent, et stimulent sa créativité.
« Ce sont deux danseuses que j’ai rencontrées en photographiant le collectif (La)Horde. Je leur ai proposé d’organiser un shoot ensemble – une série qui s’appelle Amy et Paula – parce que j’aimais beaucoup leur énergie : ce sont deux amies qui travaillent ensemble, qui se voient tous les jours, et qui s’aiment profondément. Je trouvais cela vraiment émouvant. Cette image, prise avec un boîtier argentique, a été réalisée un jour de septembre ensoleillé. Je ne les avais pas vraiment guidées. Je voulais voir ce qui se passait entre elles, naturellement. À un moment, elles se sont fait un bisou sur le front, et je leur ai simplement demandé de garder la position. Je n’avais d’ailleurs jamais publié cette photographie jusqu’à aujourd’hui, et je suis ravie de la partager maintenant !
J’aime le contrejour, qui donne une profondeur à cette image, et la lumière, mais j’aime surtout cette sensation de tendresse, de bienveillance. Il y a, dans cette photo une aura de sororité, une notion d’empowerment, de “girls supporting girls”, d’une nouvelle famille que l’on se crée. Ce sont des thèmes qui me touchent, qui me donnent envie de tourner mon appareil vers les femmes de ma génération qui s’aiment et se soutiennent. Ici, on est très loin d’un regard voyeur, d’un fétichisme quelconque de “meufs qui s’embrassent”. J’ai plus en tête une sorte de lendemain de soirée pyjama, quelque chose de très doux et rassurant, qui me plaît profondément. »