Expositions, immersion dans une série, anecdotes, vidéos… Chaque mois, la rédaction Fisheye revient sur les actualités photo qui l’ont particulièrement marquée. Des récits personnels aux visites de divers événements, c’est le moment de (re)partager nos derniers coups de cœur photo !
Nhu Xuan Hua et Vimala Pons
La scénographie de leur exposition, aux Rencontres d’Arles 2024, nous avait tant marquées qu’elles l’ont prolongée sur les pages de notre dernier numéro. Au travers de Heaven and Hell, Nhu Xuan Hua et Vimala Pons se lancent dans un projet ambitieux aux ramifications multiples. Interprétant des héroïnes réelles ou fictionnelles, alourdies par les maux de nos sociétés, par le poids d’une charge mentale invisible. Des « figures-refuges » pour les artistes, qui déconstruisent leurs images pour mieux les rebâtir, dans un cosmos étrange où l’onirisme croise – par exemple – le patriarcat.
Gareth Phillips
Des paysages sauvages, cachés par une brume étrange, des roches arides, plongées dans une éternelle obscurité, des collages, fait de textures, d’éléments, érigeant le portrait déformé d’une nature toute puissante… Dans Caligo, Gareth Phillips imagine l’avenir de l’espèce humaine, condamnée malgré elle par sa gestion des ressources. Sans silhouette pour polluer les espaces, la fiction du photographe laisse planer le doute : avons-nous été anéanti·es, le globe terrestre nous survivant ? Ou avons-nous, enfin, appris à respecter le territoire que l’on habite ?
Alysa Martinova
Dans Anima, les écrans de téléphones fracturés croisent des créatures humanoïdes au regard hypnotique et des sculptures abstraites, faites de câbles futuristes. Inspirée par le cyberféminisme, l’artiste visuelle revient sur les prémices de sa série, son désir d’illustrer nos différentes identités, influencées par l’évolution des technologies. « Celles-ci peuvent être une critique d’une manière de penser binaire », affirme-t-elle. Un projet faisant chavirer le réel dans la science-fiction.
Sina Müehlbauer
Dans la nuit noire, derrière un grain prononcé, se dissimulent les émotions que révèle Sina Müehlbauer. Intriguée par le concept de « lâcher prise », la photographe fait écumer les états d’âme pour qu’ils remontent à la surface, qu’ils brisent la glace de l’apparence. « Mon travail ne craint pas d’être trop brut, ni de se cacher derrière une quelconque douceur », avertit-elle. Pourtant, çà et là, quelques images en couleur s’ajoutent, comme une ponctuation, une nuance inattendue, au cœur d’un magma monochrome dans lequel on ne peut s’empêcher de plonger.
Marilou Poncin
Première sortie de la nouvelle maison d’édition Collapse Books, Bodies of Work s’impose comme une relecture de l’œuvre de Marilou Poncin. Sur les pages, toute chronologie s’efface pour tirer un fil d’Ariane fascinant : le corps – et plus particulièrement le corps féminin. Des standards de beauté au fantasme, en passant par l’abstraction la plus totale – lorsque l’objet a remplacé l’organique dans le plaisir, l’artiste pluridisciplinaire érige ici un univers aux tons violets, bleutés où l’étude du réel se fond dans des visions hallucinatoires d’un espace onirique sensuel.