C’est l’heure du rendez-vous Focus ! Ce mois-ci, Zoé Chauvet croise le documentaire et l’abstraction et tisse les liens du corporel au naturel, à travers une série de représentations sensibles du corps queer.
Vous le savez, au sein de la rédaction Fisheye, on aime autant les photos que leurs récits ! Alors nous avons lancé, en mars 2022, un objet multimédia dont le 73e épisode sort ce mercredi. Au cœur des Focus, les artistes se dévoilent et partagent avec nous quelques histoires. Succédant à 72 auteurices, la photographe française Zoé Chauvet raconte Altær, une série en cours de développement qui mêle portraits intimes de personnes queer et paysages géologiques afin de rendre compte de la fluidité de l’identité.
« Je considère les corps comme des paysages en mutation constante. Et avec le corps queer, c’est encore plus opérant », déclare l’artiste, qui vit elle-même dans une communauté queer. Les ami·es et connaissances dont elle fait les portraits ont en commun de s’interroger en profondeur sur leur genre et leur rapport à soi. Cette archive intimiste de l’univers qui l’environne, Zoé Chauvet la compose grâce à des techniques photographiques expérimentales, qui viennent inscrire son travail dans une quête presque mystique. « Dans la série, il y a divers procédés de tirages argentiques, précise-t-elle. Notamment la pratique de la solarisation : on met un papier de film transparent sur un papier photosensible et on l’éclaire avec diverses sources lumineuses – moi j’utilise des lasers, des lampes torches, des filtres… Dans ces moments-là, j’ai l’impression de peindre avec la lumière, et c’est très agréable parce qu’il y a un vrai rapport au geste ! Puisque je fais tout mon travail à l’argentique, il y a toujours un rapport au hasard : je ne sais jamais si ma pellicule va bien sortir. La photographie amène toujours au hasard – l’art aussi, en règle générale », poursuit-elle.
Des expérimentations lumineuses et colorées à découvrir dans Focus #73.