Connu pour ses photos de mode, ses portraits ou encore ses natures mortes, Irving Penn dévoile une nouvelle facette de son art avec sa série photographique The Bath. La galerie Thaddaeus Ropac l’accueille du 23 septembre 2023 au 30 novembre 2023.
Irving Penn, photographe emblématique, cache encore certaines parties de son travail. Il est vrai que lorsque son nom est évoqué, nous viennent en tête de célèbres photos – comme un portrait de Dalí ou encore des photos de mannequins, dont sa femme, Lisa Fonssagrives, vêtues des plus grandes maisons de luxe en Une de Vogue –, mais l’art d’Irving Penn ne semble pas avoir de limite. C’est à l’occasion d’une exposition à la galerie Thaddaeus Ropac que l’on découvre une nouvelle facette du défunt artiste. Une série de photographies beaucoup moins connues qui a pourtant fait polémique dans une époque en pleine évolution qui voit se confronter la jeunesse débridée à la société des années 1960.
Au temps de la pleine liberté
L’homme se rend à San Francisco à la fin des années 1960 alors que la ville est le centre névralgique de la nouvelle culture américaine, celle qui prône l’amour, la communauté, l’altruisme et le mysticisme. C’est « l’été de l’amour » en 1967 aux abords du Golden Gate, des jeunes de tout le pays s’y retrouvent, attiré·es par cette contre-culture. Fasciné par cette nouvelle vague de pensées, Irving Penn y voyage pour réaliser une série de portraits documentaires destinée au magazine Look. Son but : « regarder les visages de ces nouveaux·lles habitant·es de San Francisco à travers un appareil photo dans un studio à la lumière du jour, sur un fond simple, loin de leurs propres circonstances quotidiennes ». C’est lors de ce séjour dans la Bay Area qu’Irving Penn finit par se concentrer sur le travail révolutionnaire de la chorégraphe américaine Anna Halprin. Issues d’une collaboration avec le Dancers’ Workshop de San Francisco, ce sont quatorze images qui composent cette série : The Bath – éponyme de la chorégraphie d’Anna Halprin. Irving Penn a photographié les six danseurs·ses réalisant en temps réel la danse. Des corps nus et des poses sensuelles composent les clichés semblant parfois rappeler certaines peintures de la renaissance dans leurs structures.
Une collaboration entre deux artistes qui ne se sont pourtant jamais réellement rencontré·es. En admiration devant le travail de Anna Halprin, le photographe se verra refuser la publication du projet jusque dans les années 1990. L’Amérique puritaine n’était pas prête à accueillir ces photos de nus qui prônent liberté et avangardisme. Pour Marcus Rothe, en charge de l’exposition, « bien que beaucoup moins connu, cela reste un travail dans la lignée de l’artiste : fonds en toile neutre, lumière naturelle, un travail de studio » qui fait de l’homme une référence du genre. Cette exposition est une jolie manière de découvrir un nouveau pan du travail d’Irving Penn jusqu’au 30 novembre 2023.