Entre texture, lumière, et nus composites, Laure Anne fait exister les corps féminins au-delà de l’objectification. Une exploration des charmes d’un territoire visuel, estival et sensuel.
« La faute, la femme, la matière » voici comment Laure Anne décompose son travail. Artisane de l’argentique, tendant au « photographisme », l’artiste cherche d’abord « le silence et la pureté ». « Est-ce nécessaire de donner toute l’intention de son art ? J’aime voir et comprendre ce que je fais à travers le regard des autres. Ça m’apprend beaucoup sur moi et sur le monde », confie-t-elle. Graphiste de formation elle débute en photographie grâce à un cadeau – un Canon Ae1 offert par son père – et une émotion : celle ressentie face aux clichés noirs et blanc d’Hedi Slimane. Entre son travail sur les erreurs – ces photographies « ratées » que la sérigraphie sauve – et la célébration de la femme, de « ses courbes, sa nature, sa pureté, sa vulnérabilité », la photographe pénètre dans un éternel été. Le regard bienveillant et sensible, assurément féministe, restitue ainsi aux corps la tendresse nécessaire à leurs sensualités. Sur les femmes-palmiers comme sur les rochers immergés dans l’eau-lave d’une mer surréelle, une seconde peau semble recouvrir la pellicule… Qu’elle soit déformation, film aqueux, ou tout simplement l’intérieur transparent d’une bouée qui trouble les traits pour faire éclater les couleurs. Ainsi l’artiste détourne, amuse, joue. De ces découpages et collages naissent les appositions fertiles. Un magma vivant, coloré, où l’on aimerait presque glisser un orteil pour en vérifier la température, ou s’y émerger totalement. De l’œil jusqu’aux doigts, comme une baigneuse plongeant dans la mer. « La matière m’émeut, elle raconte des histoires, elle mélange des temps, des anecdotes, des textures. Elle montre que selon comment on la regarde, elle peut être tout autre chose. Elle est permissive, rend accessible la rêverie, elle nous permet d’oser inventer, imaginer, se trouver ou se chercher. Ce qui m’anime dans la matière et les textures c’est la profondeur et surtout la possibilité d’expérimenter à l’infini » conclut-elle.