La ville de Toulouse se métamorphose en exposition à ciel ouvert pour la 15ᵉ édition du Festival MAP (Mise au Point) du 12 au 29 septembre 2024. Photographes français·es de divers horizons composent un corpus éclectique où fictions et documentaires conversent.
« Rendre la culture photographique accessible à tou·tes et créer des espaces d’échanges pour promouvoir la diversité artistique », voici le fil rouge du Festival MAP. Souvent qualifié « d’urbaniste de transition », l’événement propose de découvrir dix expositions dans des lieux emblématiques de la ville rose. À l’honneur cette année, le célèbre photographe Robert Doisneau dont les images d’ouvrier·ères, de feux d’usine, d’entrepôts SNCF et de filatures révèlent les conditions déplorables de travail dans une France en mutation. Lui-même engagé par Renault comme photographe industriel en 1934, il expérimente la poussière, les produits chimiques et la sueur. Il signe un hommage à ses confrères « qui purgent leur peine » écrit-il. Son travail humaniste d’entre-deux-guerres et d’après-guerre, dialogue avec ses contemporains. Olivier Laban-Mattei saisit les reconfigurations sociales et l’avenir sous tension du peuple groenlandais des Neiges Noires en quête d’autodétermination. Ismaël Bazri, dans une approche documentaire pop, explore quant à lui sa double culture, populaire et occidentale, où musique et cinéma conversent avec la religion de sa famille.
Entre imaginaire et environnement
Si la trame du Festival convoque un mélange d’approches documentaires et plasticienne, cette année, la mise au point est faite sur la fiction et la nature. Inspirée des mythologies grecque et latine, Letizia Le Fur replace l’homme dans son environnement premier, en redessinant le réel. Mêlant Histoire de l’art, maîtrise de la lumière et une palette de couleurs vives, elle révèle l’harmonie entre l’Homme et le paysage. Chloé Milos Azzopardi, présentée à la Fisheye Gallery dans le cadre du Festival Off des Rencontres d’Arles 2024, axe sa recherche sur l’écologie, les nouvelles technologies, la construction des imaginaires post-capitalocène. Dans Non technological devices, l’artiste conçoit des outils à partir d’éléments naturels aux allures technologiques dont l’usage reste à découvrir. Dans ce qui ressemble à une « iconographie d’autodéfense écologique », elle propose de repenser de nouvelles formes de cohabitation avec la planète Terre. Le territoire se révèle et se transforme sous les pas réfléchis des photographes. Guidé·es par des songes, des intrigues ou des interrogations, iels composent autant l’enchantement que le désenchantement de notre société contemporaine.