Entre natures mortes et portraits loufoques, Tanya Podubienko donne à voir un monde coloré où les expérimentations visuelles et autres accidents s’imposent comme des produits de son imagination débordante.
Un bouquet dans un cornet de frites McDo, des portraits aux visages fruités, une paire de fesses dont la blancheur contraste avec l’herbe verdoyante où elles sont installées … Dans l’univers de Tanya Podubienko, photographe autodidacte passionnée par l’argentique, la logique s’estompe au profit d’un imaginaire débordant. « Le monde n’est, selon moi, pas limité aux frontières physiques. Je crois en une connexion transcendante avec l’énergie qui tourbillonne autour de nous. C’est ainsi que naissent mes images, explique-t-elle. Elles me parviennent généralement avant de dormir ou immédiatement après le réveil. Il peut s’agir d’une représentation complète ou d’un détail murmuré, à partir duquel je finirai par assembler un puzzle complet. » S’armant de films périmés et de boîtiers instantanés, elle laisse l’incertitude guider ses pas, orienter son regard, persuadée qu’une bonne ou une mauvaise composition n’existe pas – seul compte le dialogue qu’elle instaure avec son·a regardeur·se. Alors, non sans humour, elle plonge dans l’insolite, joue avec les échelles et les gros plans, renforce les flashs pour révéler d’étranges mises en scène et faciliter un dialogue avec l’imperceptible. Un dialogue prônant une liberté totale, une exaltation par l’inexplicable à l’image de ses créations. « Tant que notre existence prend la forme d’un corps humain, tout passe par celui-ci, même la pensée. Il se souvient, apprend, analyse. Il reflète notre réalité, et lui sert de portail. Mais cette porte s’ouvre dans les deux sens : on peut donc également entrer dans un monde où les notions de genre, de beauté et autres opinions archaïques n’existent plus pour nous définir », affirme-t-elle.