Le projet Sorbonne, une recherche visuelle et scientifique sans filtre

03 octobre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Le projet Sorbonne, une recherche visuelle et scientifique sans filtre
Evo-AquaSense © Grégoire Delanos
4movingbiotech © Antoine Martin
MUFFIN © Juliette Pavy / Collectif Hors Format

Sept photographes sélectionné·es dans le cadre du projet Sorbonne Université Arts Visuels et Expériences Scientifiques offrent un premier aperçu des coulisses de 82 programmes en sciences, santé et humanités, du 10 octobre au 4 novembre dans l’université parisienne. Scientifiques et photographes révèlent ainsi la réalité de la recherche universitaire, des lieux aux machines, en passant par les outils et les matières organiques.

Sept photographes, 82 intentions de recherches scientifiques et un corpus de 820 photographies. Voilà l’ambition titanesque du projet Sorbonne Université Arts Visuels et Expériences Scientifiques (SUAVES) sélectionné et financé par l’Agence Nationale de la Recherche en 2022 pour trois ans, entre 2023 et 2025. À mi-chemin, l’exposition Recherche sans filtre raconte et décortique l’histoire singulière de la recherche scientifique, avec un premier livrable de 82 photographies qui défilent sur les murs de la fameuse université française pour une période d’un mois, avant de partir en itinérance en 2025. En conversation, sept photographes, Grégoire Delanos, Guillaume Herbaut, Céline Lecomte, Alban Lécuyer, Antoine Martin, Virginie Merle, et Juliette Pavy, venu·es d’horizons divers et 82 projets de recherche, dont les thèmes vacillent entre la médecine, le vivant, les mathématiques ou encore l’archéologie. Chacun·e avec sa propre écriture naviguent à travers les six chapitres d’exposition, qui partira en itinérance en 2025. Car finalement, qu’est-ce être chercheur·ses à Sorbonne Université ? Sur les photographies, les gestes, les outils, les laboratoires et les bibliothèques, les relations humaines, les chiffres et les données se dessinent. L’humain et les machines entrent dans une symbiose intellectuelle que les photographes retranscrivent avec brio.

ColMhyBio © Grégoire Delanos
Detonator © Antoine Martin

Le vivant, l’expérimentation et les jeux d’échelle de Grégoire Delanos

Photographe plasticien français, Grégoire Delanos s’intéresse à la solastalgie, le sentiment que l’on ressent face à la destruction des écosystèmes. Le vivant fait ainsi partie inhérente de sa démarche photographique. Friand d’expérimentation, il aborde le SUAVES par le prisme de l’observation. L’expérience scientifique devient une expérience imagée. Par les jeux d’échelle, les matières organiques et des écosystèmes se dévoilent sur le papier. Dans la forêt de Fontainebleau, Grégoire Delanos accompagne le biologiste pour capturer les expériences sensorielles des coléoptères aquatiques, dont les environnements sont indicateurs de bonne santé des milieux naturels. Génome et biologie sensorielle prennent vie dans des photographies colorées et pleines de détails qui sembleraient être prises au microscope. L’artiste fait également opérer la chimie sur ses prises de vue d’un oursin mâle en période de reproduction. Grâce à des colorants analogues aux pigments synthétisés par ces petits animaux marins, les épines de l’oursin prennent vie en couleurs sur la photo en noir et blanc. Violet, or, vert… l’objectif : produire des colorants hybrides, meilleurs pour l’environnement et pour la santé.

EnamelFC – Le transfert des technologies d’émaillage polychrome de la France vers la Chine (milieu XVIIe — fin XVIIIe siècle) © Céline Lecomte
GORILLA – Cryptanalyse algorithmique avec de véritables implémentations © Céline Lecomte

Céline Lecomte, technologie et objets au service de la science et de l’histoire

L’outil est au cœur du travail de Céline Lecomte pour le projet Sorbonne. La photographe française, lauréate du prix VU’ EDUCATION pour Avril ou les forêts Potemkine interroge les objets et les machines qui permettent les découvertes scientifiques et historiques. Elle met en lumière, les formules mathématiques qui permettent la cryptologie, ou communément appeler la science du secret, les rayons X qui identifient les éléments chimiques de la surface d’une statuette chinoise datant du milieu du 17e siècle et les récipients en verre des chimistes. Entre mise en scène ou capture sur le vif, ses images sont des compositions qui témoignent du dialogue perpétuel entre l’humain et la science pour ouvrir autant les portes du passé que celles du futur.

STACCATO © Virginie Merle / Hans Lucas
LUXOR © Alban Lécuyer
OPTOSTEM © Guillaume Herbaut / Agence VU’
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