Les coups de cœur #250

19 août 2019   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Les coups de cœur #250

Robert Hyde et Lo Kee traquent les atmosphères qui les interpellent. Deux travaux animés par la solitude et la poésie. Voici nos coups de cœur #250.

Robert Hyde

Robert Hyde est un photographe américain installé à Paris depuis 2017. C’est en voyageant dans la capitale française, en 2001 que l’artiste est tombé amoureux du 8e art. « J’étais allé voir les expositions de Nan Goldin au Centre Pompidou, et de Wolfgang Tilmans au Palais de Tokyo. Après cela, j’ai appris à développer mes images dans un petit studio près de Bastille, et j’ai étudié le cinéma à Paris 8 et l’histoire de l’art à la Sorbonne », se souvient-il. Quinze ans plus tard, Robert Hyde s’est intéressé à la photographie documentaire créative, en suivant un programme organisé par Spéos et Magnum. « C’est l’aspect créatif qui m’a attiré. La photographie purement documentaire ne me convient pas. Mon travail est plus tordu », confie-t-il. Sa série Cruising, sombre et mystérieuse, donne à voir un univers souvent dissimulé. « Le terme cruising définit la recherche d’une rencontre sexuelle anonyme entre des hommes, dans des endroits publics, explique le photographe. Il s’agit d’un sujet complexe, traitant de répression, de sexualité, de honte, de solitude, et du désir de s’échapper. Je suis fascinée par les codes du cruising, ses rituels, ses objectifs, et surtout ses frustrations. » Dans un monde où la nature semble avoir repris ses droits – la végétation du Bois de Vincennes – les images de Robert Hyde illustrent avec délicatesse les traces des hommes, d’une histoire éphémère, à l’ombre des arbres.

© Robert Hyde

© Robert Hyde© Robert Hyde

© Robert Hyde

© Robert Hyde

Lo Kee

Géographe de formation, Lo Kee est né en France en 1989. Depuis 2015, l’artiste se consacre pleinement à la pratique de la photographie. « Autodidacte, c’est à force de pratique dans les rues de ma ville que j’ai perfectionné ma démarche », commente-t-il. Influencé par les peintures de Rubens, Vermeer ou encore Le Caravage, Lo Kee aime les noirs et blancs et clairs-obscurs théâtraux. « Ils me fascinent depuis l’enfance, et ce sont aujourd’hui les outils que j’utilise pour créer des ambiances poétiques et graphiques, précise-t-il. Je traque toujours les atmosphères qui m’interpellent. Paysages urbains ou naturels, nature morte et street photography s’entremêlent pour donner naissance à un univers monochromes évoquant les notions de passage, d’absence ou de solitude. » C’est en lisant le Dictionnaire de la ville et l’urbain de Denise Pumain, Thierry Paquot et Richard Kleinschmager que Lo Kee a découvert la notion de « l’imaginaire urbain ». « Dans un monde où plus de la moitié de l’humanité vit dans les villes, explorer artistiquement cet environnement superficiel et créé par et pour l’Homme me semple plus qu’intéressant », confie l’artiste. En jouant avec les compositions, les lumières et la géométrie citadine, le photographe révèle sa « vision onirique du monde urbain, fait de superpositions et de découpages ».

© Lo Kee© Lo Kee
© Lo Kee© Lo Kee

© Lo Kee

Image d’ouverture : © Robert Hyde

Explorez
Hommage à Sebastião Salgado, humaniste soucieux de la nature
© Fisheye Magazine
Hommage à Sebastião Salgado, humaniste soucieux de la nature
Sebastião Salgado est décédé ce vendredi 23 mai 2025 à l’âge de 81 ans. Tout au long de sa carrière, le photographe a posé un regard...
26 mai 2025   •  
Écrit par Eric Karsenty
Dans l’œil d’Aletheia Casey : le rouge de la colère et du feu
© Aletheia Casey
Dans l’œil d’Aletheia Casey : le rouge de la colère et du feu
Cette semaine, nous vous plongeons dans l’œil d’Aletheia Casey, dont nous vous avons déjà parlé il y a quelques mois. Pour Fisheye, elle...
28 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les images de la semaine du 21 avril 2025 : la Terre à l’honneur
© Thomas Amen
Les images de la semaine du 21 avril 2025 : la Terre à l’honneur
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye célèbrent la Terre. Dans des approches disparates, les photographes évoquent...
27 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Rephotographier les monts Uinta pour montrer que le changement climatique s’accélère
© William Henry Jackson, 1870 et Joanna Corimanya, Anahi Quezada, et Town Peterson, 2024.
Rephotographier les monts Uinta pour montrer que le changement climatique s’accélère
En septembre 2024, le géologue Jeff Munroe et l’écologiste Joanna Corimanya entreprenaient un trek de 50 kilomètres dans la toundra des...
23 avril 2025   •  
Écrit par Thomas Andrei
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Politique : bousculer les regards sur le travail du sexe
Petra, du livre Politique © Jeanne Lucas
Politique : bousculer les regards sur le travail du sexe
Jeanne Lucas révèle Politique, son premier livre publié aux éditions Rue du Bouquet, un projet cocréé main dans la main avec des...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
La Fabrique du Regard – Le Festival #3 : La jeunesse face au pouvoir de l'image
Nos Iris © Julia Borderie & Eloïse Le Gallo
La Fabrique du Regard – Le Festival #3 : La jeunesse face au pouvoir de l’image
Du 3 au 8 juin, le Bal se transforme en un espace d’échange et de transmission à l’occasion de la 3e édition de La Fabrique du Regard –...
06 juin 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
12 expositions photographiques à découvrir en juin 2025
Vietnam, 1971 © Marie-Laure de Decker
12 expositions photographiques à découvrir en juin 2025
L’arrivée de l'été fait également fleurir de nombreuses expositions. Pour occuper les journées chaleureuses ou les week-ends, entre deux...
05 juin 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
La MAZ recompose la map
© Shai Andrade, Omi Ori, 2022
La MAZ recompose la map
Pensée dans la continuité des Rencontres photographiques de Guyane, la Maison de la photographie Guyane-Amazonie (MAZ) ouvrira ses portes...
05 juin 2025   •  
Écrit par Eric Karsenty