Les coups de cœur #454 : Omys et Lucas Kozak

14 août 2023   •  
Les coups de cœur #454 : Omys et Lucas Kozak
© Omys
© Omys
© Omys
© Omys

Omys et Lucas Kozak, nos coups de cœur #454, se plaisent à expérimenter avec leur médium. La première cherche à créer un monde parallèle à mi-chemin entre l’horreur et la métaphysique quand le second donne à voir des paysages où réel et virtuel se confondent. 

Omys

« J’ai toujours été attirée vers ce qui ne semblait pas normal, dérangeant – l’intérieur du corps et sa proximité, l’inconnu, le flou… Cela entraîne systématiquement une réflexion, une interrogation, un constat différent de ce qui est considéré comme la norme. Être dans l’étrange permet à chacun·e de créer une fiction qui lui est propre, imaginer un scénario possible à travers une image déconstruite », déclare Théa, Omys de son pseusodyme. Installée dans le sud de la France et étudiante en master d’arts plastiques, elle s’est initiée à la photographie au contact de sa famille, puis de ses ami·es du lycée, captant spontanément les choses vues et ressenties. Inspirée par l’esthétique des clips musicaux underground, passant du rock indépendant au rap, comme par les écrits dystopiques d’Alain Damasio, Omys tente de créer un monde parallèle. Un lieu entre-deux divergeant et oscillant entre l’horreur et la métaphysique. Sans poser de jugements sur son œuvre en construction, elle expérimente, cherchant à côtoyer les peaux, le mouvement et les creux, les chairs, ce qui touche et nous surpasse. Car ici la photographie lui permet d’interroger tout en suggérant. « Je ne fais pas d’autoportrait, j’ai un rapport assez précis à l’anonymat. Je ne cache pas forcément qui je suis, l’identité que l’on m’a donné (prénom, nom…), mais j’aime l’idée de pouvoir montrer ce que je souhaite, maîtriser mon individu », conclut-elle.

© Omys
© Omys
© Omys
Les Nuits ne s’élèvent jamais, prise de vue issue du jeu Cyberpunk 2077 © Lucas Kozak

Lucas Kozak

« Étant un joueur depuis mon plus jeune âge, j’ai eu la chance de voir évoluer le médium jusqu’à atteindre, techniquement, un aspect photoréaliste dans certaines propositions. Ma dernière année de photographie sur le hors-champ m’avait déjà permis de m’essayer à la prise de vue dans les jeux vidéo. Je ne mesurais pas encore à quel point les artistes pouvaient s’en servir pour diffuser des discours et des visions qui sont bien liés à notre monde. D’ailleurs c’est même encore plus évident aujourd’hui avec les IA, et les “faux photoreporters” », explique Lucas Kozak. Après des études en informatique et une formation en conception et réalisation en photographie, ce natif de Saint-Dizier découvre un espace au sein duquel les possibilités semblent infinies. Inspirées par les images de Todd Hido et de Christophe Bourguedieu, la narration de Cédric Delsaux, les solitudes d’Edward Hopper et l’obsession de l’urbain de Michael Mann, ses séries confondent ainsi le réel et le virtuel pour donner à voir une déclinaison de paysages étonnamment familiers. « Un jeu vidéo est construit par des artistes, comme des architectes, souligne-t-il. J’applique alors la même démarche que dans la rue, j’erre jusqu’au moment où je sens qu’il peut se dégager quelque chose. »

© Lucas Kozak
© Lucas Kozak
Même ailleurs le soleil continue de brûler, prise de vue issue de la démo de Matrix Awaken © Lucas Kozak
© Lucas Kozak
© Lucas Kozak
À lire aussi
Les coups de cœur #453 : Gal Shahar et Luis Carmo
© Luis Carmo
Les coups de cœur #453 : Gal Shahar et Luis Carmo
Nos coups de cœur de cette semaine, Gal Shahar et Luis Carmo, créent avec une grande sensibilité d’esprit. Chez l’une, la photographie…
07 août 2023   •  
Écrit par Ana Corderot
Les coups de cœur #452 : Maria Catuogno et Florian Coëlo
© Florian Coëlo
Les coups de cœur #452 : Maria Catuogno et Florian Coëlo
Cette semaine, Maria Catuogno et Florian Coëlo, nos coups de cœur #452, interrogent les ailleurs. L’une s’aventure dans les choses du…
31 juillet 2023   •  
Écrit par Ana Corderot
Explorez
Sony World Photography Awards 2025 : Photographier le déni, documenter les résistances
The Journey Home from School © Laura Pannack, United Kingdom, Winner, Professional competition, Perspectives, Sony World Photography Awards 2025.
Sony World Photography Awards 2025 : Photographier le déni, documenter les résistances
Des corps qui chutent, des trajectoires contrariées, des espaces repris de force… Et si la photographie était un langage de reconquête ?...
10 mai 2025   •  
Écrit par Anaïs Viand
Marion Gronier, la folie et le regard
© Marion Gronier, Quelque chose comme une araignée / Courtesy of the artist and Prix Caritas Photo Sociale
Marion Gronier, la folie et le regard
Pendant deux ans, Marion Gronier a arpenté des institutions psychiatriques en France et au Sénégal. Sans jamais montrer de visages, elle...
09 mai 2025   •  
Écrit par Milena III
Daniel Obasi : l'étoffe de la révolte
Beautiful Resistance © Daniel Obasi
Daniel Obasi : l’étoffe de la révolte
À Lagos, Daniel Obasi, 30 ans, met en lumière les communautés marginalisées du Niger à travers une mode émancipatrice et...
08 mai 2025   •  
Écrit par Milena III
À la Bourse de commerce, Deana Lawson suscite la réflexion
Bendy, 2019. Pinault Collection. © Deana Lawson / courtesy de l’artiste et de David Kordansky Gallery
À la Bourse de commerce, Deana Lawson suscite la réflexion
Jusqu’au 25 août 2025, la Bourse de commerce, à Paris, accueille la première exposition monographique de Deana Lawson en France. Sur les...
06 mai 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Sony World Photography Awards 2025 : Photographier le déni, documenter les résistances
The Journey Home from School © Laura Pannack, United Kingdom, Winner, Professional competition, Perspectives, Sony World Photography Awards 2025.
Sony World Photography Awards 2025 : Photographier le déni, documenter les résistances
Des corps qui chutent, des trajectoires contrariées, des espaces repris de force… Et si la photographie était un langage de reconquête ?...
10 mai 2025   •  
Écrit par Anaïs Viand
Marion Gronier, la folie et le regard
© Marion Gronier, Quelque chose comme une araignée / Courtesy of the artist and Prix Caritas Photo Sociale
Marion Gronier, la folie et le regard
Pendant deux ans, Marion Gronier a arpenté des institutions psychiatriques en France et au Sénégal. Sans jamais montrer de visages, elle...
09 mai 2025   •  
Écrit par Milena III
Anouk Durocher : portrait d'une révolution intime
© Anouk Durocher
Anouk Durocher : portrait d’une révolution intime
Nous avons posé quelques questions à Anouk Durocher, artiste exposée à Circulation(s) 2025. Dans son travail, elle explore l'approche...
08 mai 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Daniel Obasi : l'étoffe de la révolte
Beautiful Resistance © Daniel Obasi
Daniel Obasi : l’étoffe de la révolte
À Lagos, Daniel Obasi, 30 ans, met en lumière les communautés marginalisées du Niger à travers une mode émancipatrice et...
08 mai 2025   •  
Écrit par Milena III