Omys et Lucas Kozak, nos coups de cœur #454, se plaisent à expérimenter avec leur médium. La première cherche à créer un monde parallèle à mi-chemin entre l’horreur et la métaphysique quand le second donne à voir des paysages où réel et virtuel se confondent.
Omys
« J’ai toujours été attirée vers ce qui ne semblait pas normal, dérangeant – l’intérieur du corps et sa proximité, l’inconnu, le flou… Cela entraîne systématiquement une réflexion, une interrogation, un constat différent de ce qui est considéré comme la norme. Être dans l’étrange permet à chacun·e de créer une fiction qui lui est propre, imaginer un scénario possible à travers une image déconstruite », déclare Théa, Omys de son pseusodyme. Installée dans le sud de la France et étudiante en master d’arts plastiques, elle s’est initiée à la photographie au contact de sa famille, puis de ses ami·es du lycée, captant spontanément les choses vues et ressenties. Inspirée par l’esthétique des clips musicaux underground, passant du rock indépendant au rap, comme par les écrits dystopiques d’Alain Damasio, Omys tente de créer un monde parallèle. Un lieu entre-deux divergeant et oscillant entre l’horreur et la métaphysique. Sans poser de jugements sur son œuvre en construction, elle expérimente, cherchant à côtoyer les peaux, le mouvement et les creux, les chairs, ce qui touche et nous surpasse. Car ici la photographie lui permet d’interroger tout en suggérant. « Je ne fais pas d’autoportrait, j’ai un rapport assez précis à l’anonymat. Je ne cache pas forcément qui je suis, l’identité que l’on m’a donné (prénom, nom…), mais j’aime l’idée de pouvoir montrer ce que je souhaite, maîtriser mon individu », conclut-elle.
Lucas Kozak
« Étant un joueur depuis mon plus jeune âge, j’ai eu la chance de voir évoluer le médium jusqu’à atteindre, techniquement, un aspect photoréaliste dans certaines propositions. Ma dernière année de photographie sur le hors-champ m’avait déjà permis de m’essayer à la prise de vue dans les jeux vidéo. Je ne mesurais pas encore à quel point les artistes pouvaient s’en servir pour diffuser des discours et des visions qui sont bien liés à notre monde. D’ailleurs c’est même encore plus évident aujourd’hui avec les IA, et les “faux photoreporters” », explique Lucas Kozak. Après des études en informatique et une formation en conception et réalisation en photographie, ce natif de Saint-Dizier découvre un espace au sein duquel les possibilités semblent infinies. Inspirées par les images de Todd Hido et de Christophe Bourguedieu, la narration de Cédric Delsaux, les solitudes d’Edward Hopper et l’obsession de l’urbain de Michael Mann, ses séries confondent ainsi le réel et le virtuel pour donner à voir une déclinaison de paysages étonnamment familiers. « Un jeu vidéo est construit par des artistes, comme des architectes, souligne-t-il. J’applique alors la même démarche que dans la rue, j’erre jusqu’au moment où je sens qu’il peut se dégager quelque chose. »