Les coups de cœur #470 : Shiori Ota et Lena Bühler

04 décembre 2023   •  
Les coups de cœur #470 : Shiori Ota et Lena Bühler
© Shiori Ota
© Shiori Ota

Tourmentées par des souvenirs de leur enfance, Shiori Ota et Lena Bühler, nos coups de cœur de la semaine, ont choisi la photographie comme thérapie. Tandis que l’une dresse un portrait inclusif du monde souvent impitoyable du mannequinat, l’autre dévoile avec poésie ses émotions, ses peurs et ses rêves. 

Shiori Ota

« Lorsque j’étais adolescente, je ne me sentais pas à l’aise avec la vision que j’avais de mon corps, car je ressentais une forte pression pour devenir plus mince et ressembler aux “normes de beauté de la société”, qui sont représentées dans les magazines de mode, les publicités et bien d’autres choses encore », se souvient Shiori Ota. Officiant aujourd’hui dans cette industrie, la photographe japonaise essaye, au travers de chacune de ses séries, de « [se] prouver que, quelle que soit son apparence, on peut toujours briller à sa manière ». Aussi Giant Pink Star, imaginée en collaboration avec la styliste tokyoïte Yuna Kume, ne fait-elle pas exception à la règle. À l’image, des mannequins de diverses corpulences se révèlent telles qu’elles sont, dans des espaces familiers aux nuances édulcorées. Bien loin du stress que peuvent occasionner les métropoles et leur quotidien affairé, le bien-être domine et le temps passé en ligne se multiplie. « Je m’inspire souvent de mes expériences négatives pour les transformer en œuvres qui me donnent une énergie plus positive. Ici, je souhaitais créer une sorte d’évasion », achève l’artiste.

© Shiori Ota
© Shiori Ota
© Shiori Ota
© Shiori Ota
© Lena Bühler

Lena Bühler

À travers The Wall of Silence, Lena Bühler interroge le malaise qui l’a envahie suite à un événement douloureux, les souvenirs qui restent et les émotions refoulées. Originaire de Suisse, la photographe quitte son pays en 2022 pour déménager en Suède afin d’explorer sa pratique artistique et ses racines suédoises. « À l’âge de 7 ans, un professeur m’a dit que je pleurais trop. Depuis, j’ai tout intériorisé, mais les émotions bouillonnaient encore en moi. Dès que j’ai rejoint la Suède, mon cœur s’est étonnamment détendu, la peur et la colère se sont lentement calmées. Avec la distance, j’ai réalisé que je devais revenir à la haine que je ressentais pour briser l’armure que j’incarnais. C’est ainsi que j’ai enfin trouvé la paix », confie l’artiste. Se définissant elle-même comme une personne silencieuse, réservée et observatrice, Lena Bühler compose un univers imprégné d’une lumière vive et blanche pour mieux conter l’isolement, les rêves et la douleur. « Capturer une image est un exercice intuitif et sensible qui me permet de libérer ma voix. Je mémorise des moments et des pensées pour en faire des images calmes et poétiques. Les impressions floues, les figures qui s’estompent et les paysages lumineux me captivent », précise-t-elle. En s’inspirant des projets liés à l’identité et à l’invisible de SMITH, Lena Bühler partage à cœur ouvert des visuels aussi doux que percutants qui agissent pour elle comme une thérapie. 

© Lena Bühler
© Lena Bühler
© Lena Bühler

© Lena Bühler
© Lena Bühler
À lire aussi
Les coups de cœur #469 : David Shortland et Olha Lobazova
© David Shortland
Les coups de cœur #469 : David Shortland et Olha Lobazova
David Shortland et Olha Lobazova, nos coups de cœur #469, utilisent leur boîtier pour figer leurs observations du monde.
27 novembre 2023   •  
Focus #23 : Matilde Søes Rasmussen et la capitalisation des corps
Focus #23 : Matilde Søes Rasmussen et la capitalisation des corps
Comme tous les mercredis, voici le rendez-vous Focus de la semaine ! Aujourd’hui, lumière sur Matilde Søes Rasmussen, mannequin et…
05 octobre 2022   •  
Écrit par Lou Tsatsas
SMITH, artiste indisciplinaire
SMITH, artiste indisciplinaire
À Arles, à l’occasion de la 52e édition des Rencontres d’Arles, SMITH, artiste plasticien, expose Désidération, un projet au long…
06 juillet 2021   •  
Écrit par Anaïs Viand
Explorez
Saint-Valentin : les photographes de Fisheye montrent d’autres visions de l’amour
© Nick Prideaux
Saint-Valentin : les photographes de Fisheye montrent d’autres visions de l’amour
Les photographes de Fisheye ne cessent de raconter, par le biais des images, les préoccupations de notre époque. Parmi les thématiques...
14 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Dans les songes dionysiaques de Hui Choi
© Hui Choi. The Swan's Journey.
Dans les songes dionysiaques de Hui Choi
Le photographe chinois Hui Choi traduit les contradictions des émotions humaines en images empreintes de lyrisme. S’inspirant de la...
14 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
13 séries photo qui offrent une vision moins idyllique de l’amour
© Nolwen Michel
13 séries photo qui offrent une vision moins idyllique de l’amour
Si les relations amoureuses font rêver les plus romantiques d’entre nous, pour d’autres, elles évoquent des sentiments bien moins joyeux....
13 février 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
La sélection Instagram #493 : aimer l'amour
© Giovanni Mourin / Instagram
La sélection Instagram #493 : aimer l’amour
Romance, amitié, famille, notre sélection Instagram de la semaine célèbre l’amour sous toutes ses formes, sous toutes ses expressions et...
11 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Wes Anderson à la Cinémathèque : quand le cinéma devient photographie
Kara Hayward dans Moonrise Kingdom (2012), image tirée du film © DR
Wes Anderson à la Cinémathèque : quand le cinéma devient photographie
L'univers de Wes Anderson s'apparente à une galerie d'images où chaque plan pourrait figurer dans une exposition. Cela tombe à pic : du...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Cassandre Thomas
A Lost Place : Aletheia Casey évoque le traumatisme des feux australiens
© Aletheia Casey
A Lost Place : Aletheia Casey évoque le traumatisme des feux australiens
À travers A Lost Place, Aletheia Casey matérialise des souvenirs traumatiques avec émotion. Résultant de cinq années de travail...
21 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Javier Ruiz au rythme de Chungking
© Javier Ruiz
Javier Ruiz au rythme de Chungking
Avec sa série Hong Kong, Javier Ruiz dresse le portrait d’une ville faite d’oxymores. Naviguant à travers le Chungking Mansions et les...
21 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Karim Kal : paysages nocturnes de la Haute Kabylie
© Karim Kal
Karim Kal : paysages nocturnes de la Haute Kabylie
Le photographe franco-algérien Karim Kal a remporté le prix HCB 2023 pour son projet Haute Kabylie. Son exposition Mons Ferratus sera...
20 février 2025   •  
Écrit par Costanza Spina