Tetiana Tytova et Lauren Gueydon, nos coups de cœur de la semaine, s’intéressent toutes deux à la photographie de mode. La première s’en sert pour à expérimenter avec le médium tandis que la seconde se plaît à composer des œuvres inspirées de la Côte d’Azur.
Tetiana Tytova
« J’ai grandi avec les livres de Nabokov, Brodsky, Dovlatov et Limonov. Je regardais les films d’Andrey Tarkovsky, de Jean-Luc Godard et de David Lynch. Ce mélange devenait un filtre magique pour observer le monde. Pour une adolescente née en Union soviétique et passionnée par l’art, c’était une liste tout à fait normale », se souvient Tetiana Tytova. Fascinée par la photographie depuis l’enfance, une inclination qu’elle doit à son père, c’est tout naturellement qu’elle a décidé, une fois adulte, d’en faire son métier. « Il développait ses pellicules pendant la nuit, et j’assistais toujours à ce processus qui, à l’époque, me semblait mystérieux. La photographie est ma mémoire. Elle me permet de figer mes émotions, mes opinions, de parler de ce que je suis, de rendre le monde spécial », déclare-t-elle. Oscillant entre des commandes commerciales et des projets personnels, l’artiste d’origine ukrainienne se plaît à expérimenter avec le médium. À l’image, ses modèles se dédoublent ainsi dans des jeux de glitches et de flous travaillés, se parent de textures étonnantes, rappelant la matière des étoffes, ou de couleurs vives qui marquent la rétine.
Lauren Gueydon
C’est sous le soleil de Marseille que l’envie de devenir photographe de Lauren Gueydon a pris racine. Ce cadre méditerranéen, où elle est née, se trouve aujourd’hui au cœur d’un grand nombre de ses compositions. « Mes tirages parlent de mon quotidien, de ce que je vois ou bien de ce que j’aimerais voir. On y retrouve souvent la mer, car ça fait partie de moi », explique l’artiste de 28 ans. Ses clichés aux lignes épurées font la part belle aux éléments de la nature, qui accueillent des mises en scène généralement décalées et colorées. « Ma démarche est le fruit d’une réflexion mûrie au fil du temps. Construire visuellement une histoire ou une ambiance est ma principale motivation. Chaque prise de vue est minutieusement pensée : je m’interroge sur le cadrage, sur ce que je souhaite exprimer, sur les détails qui captent mon attention », précise-t-elle. Au travers de ses créations, celle qui désire se spécialiser dans la photographie de mode entend tisser une narration dans laquelle « chacune et chacun pourrait s’imaginer ce qu’elle ou il veut ».