Les Rencontres d’Arles ont dévoilé le programme de leur 55e édition, qui sera portée par le thème Sous la surface. L’évènement incontournable de la scène photographique se tiendra du 1er juillet au 29 septembre 2024.
« Depuis plus d’un demi-siècle, les Rencontres d’Arles nous donnent rendez-vous avec la photographie au cœur de l’été. Elles célèbrent la vitalité de la jeune création aussi bien que les grands noms de la photographie, en donnant une place toute particulière aux artistes français. […] Les Rencontres facilitent aussi le contact entre les artistes et le public. Dans un monde saturé d’images, il est devenu essentiel d’apprendre à regarder parfois ailleurs et autrement, à plonger dans l’épaisseur d’un cliché, dans les plis de son histoire. » C’est en ces mots que Rachida Dati, ministre de la Culture, commence la conférence de presse dédiée au festival. Dans le sillage des précédentes, cette 55e édition nous encourage à sonder notre environnement.
« Remous, esprits, traces, lectures parallèles et relectures sont autant de nouvelles perspectives qui sous-tendent l’édition 2024 des Rencontres d’Arles. Photographes, artistes et commissaires dévoilent leurs visions, leurs histoires, telle que celle de notre humanité, tour à tour contrariée, en perpétuelle redéfinition, résiliente, mais aussi visionnaire », précise Christoph Wiesner, directeur du festival. Tout au long de l’été, visiteuses et visiteurs pourront explorer ces cinq grandes thématiques. L’ensemble des expositions qui les composent présente des œuvres qui, dans des approches diverses, cristallisent l’essence même d’une époque et parviennent, in fine, à faire entendre des récits alternatifs qui ouvrent d’autres voies.
Le devenir du monde
La section « Remous » s’attachera d’abord à dévoiler les projets d’artistes qui ont entrepris de saisir les pulsations du monde. À cet effet, le rez-de-chaussée de l’Espace Van Gogh accueillera Rencontres, la première rétrospective consacrée à Mary Ellen Mark, coproduite par les Fondations C/O Berlin et Mary Ellen Mark. Pratiquant le portrait et le documentaire, la photographe a capturé les contours de célébrités et de figures en marge de la société. Cristina De Middel, qui signe l’affiche de cette 55e édition, donne voix à des individus ayant migré du sud du Mexique jusqu’à Felicity, en Californie. Au fil des images, leur périple se transforme en une vaste épopée, entretenue par l’espoir incessant, dont ils deviennent finalement les héros.
Dans la volonté de s’ouvrir sur de multiples univers, la programmation de cette année met la scène japonaise à l’honneur. Quelle joie de vous voir rassemblera une sélection de tirages réalisés exclusivement par des femmes depuis les 1950. « L’exposition lève le voile sur de nouvelles perspectives historiographiques, soulignant la nécessité de l’apport d’une compréhension inclusive à l’histoire de la photographie jusqu’alors essentiellement masculine dans sa monstration », déclare Christoph Wiesner. La rétrospective consacrée à Ishuichi Miyako, lauréate du Prix Women In Motion 2024, s’inscrit également dans cette mouvance.
Au sein d’ « Esprits (Yōkai) » seront présentées les archives monochromes d’Uraguchi Kusukazu, qui donnent à voir des ama ou des pêcheuses japonaises avec une certaine poésie. L’exposition Répliques – 11/03/11 reviendra sur les séismes qui ont meurtri le pays. Dans la même thématique, avec Le Jardin d’Hannibal, Marine Lanier nous mènera dans les Alpes où elle a imaginé le devenir du monde, et plus particulièrement de la flore, sous le prisme de la dystopie.
De nouvelles formes narratives
Comme à l’accoutumée, les Rencontres d’Arles soulèvent l’évolution du médium, et ce, de diverses manières. La thématique « Traces » montrera notamment Finir en beauté de Sophie Calle. Dans la fraîcheur humide des cryptoportiques, l’artiste donnera une dernière vie à certaines de ses œuvres, attaquées par des champignons à la suite d’un orage et vouées à à la destruction. Mustapha Azeroual, lauréat du programme BMW Art Makers, a immortalisé les rayons évanescents de levers et couchers de soleil à la surface des océans. Sa série The Green Ray, réalisée avec la commissaire Marjolaine Lévy, sera dévoilée au Cloître Saint-Trophime. La section « Relectures » proposera quant à elle de nouvelles visions de la photographie. Matthieu Nicol se plongera une fois de plus dans les archives de l’armée américaine pour s’intéresser à leurs recherches vestimentaires. D’autres manifestations exploreront l’histoire du wagon-bar ou encore celle des images de sport.
Enfin, « En parallèle » tissera de nouvelles formes narratives. Les Vampires n’ont pas peur des miroirs reviendra sur les notions de vampirisme et de tropical goth dans le gang El Grupo de Cali, actif dans les années 1970 et 1980 en Colombie. Dans Heaven and Hell, Nhu Xuan Hua et Vimala Pons entremêleront performance et photographie quand Au nom du nom, une exposition collective proposée par le commissaire Hugo Vitrani, interrogera la représentation du graffiti dans le 8e art. Et, fidèles à leur volonté de « défricher et chercher les talents de demain », les Rencontres d’Arles accueilleront une catégorie « Émergences » dans laquelle seront présentés, entre autres choses, les projets des finalistes du Prix Découverte Fondation Louis Roederer.