Mayssa Khoury : l’érotisme comme puissance créative

09 février 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Mayssa Khoury : l'érotisme comme puissance créative
© Mayssa Khoury

© Mayssa Khoury

« Des chiens errant dans la rue, une personne qui vient poser une chaise devant une fenêtre, les grandes étendues d’espaces, les non-lieux, les captures d’écrans de porno vintage des années 80… » voici les détails qui composent l’univers à la fois contemplatif et habité de Mayssa Khoury. Installée à Beyrouth, cette photographe et peintre de 26 ans puise dans le personnel pour accéder à une dimension métaphysique. Partant du réel, des gens qui l’entourent, elle donne à voir un monde plus profond et discret, mêlant les thématiques de l’érotisme, de la mort et de la solitude. « À la source de ma recherche, il y a un rapport très précoce à l’érotisme, confie-t-elle. Depuis la jeune adolescence, cette conscience de soi et de mon corps, la limite entre le moi et les autres ont été des notions qui m’ont travaillée et inspirée. » Elle vient ainsi rejoindre la notion d’érotisme telle qu’elle est développée par Audrey Lorde, poétesse américaine, qui la conçoit comme un pouvoir libérateur tant sur le plan social que personnel. Cette puissance unique, et non seulement explicite, Mayssa Khoury la met en images, dans une ambiance sombre et contrastée. Dans une tension permanente entre un noir et blanc cru, brut, et l’éclat chaleureux de la présence humaine. « Je recherche quelque chose entre l’intensité, la dynamique et la douleur, presque. Avec une part mélancolique et silencieuse. Là où se trouve l’espace dans lequel les opposés se retrouvent et coexistent », décrit-elle. Si sa série Eros donne à voir un univers sensuel et mystérieux, figeant ses amies dans des espaces nocturnes sauvages, son projet Home is where teta was parle quant à lui des dernières années de vie de sa grand-mère. Ce dernier analyse les dynamiques familiales sous-jacentes qu’entraîne la confrontation à la mort imminente d’un être aimé, tandis qu’il quitte lentement le territoire des vivant·es. Par ailleurs membre du collectif Yalla Bala Manyake (un collectif de femmes artistes qui organisent des expos indépendantes dans des lieux abandonnés de la capitale libanaise, ndlr), Mayssa Khoury n’a de cesse d’explorer les espaces de l’intime, et le trouble des sensations.

© Mayssa Khoury
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