Les Filles de la Photo ont dévoilé les cinq lauréates de leur Mentorat 2024. Lumière sur Soum Eveline Bonkoungou, Claire Delfino, Safia Delta, Hélène Jayet et Lydia Saidi qui vont recevoir, de leur part, un accompagnement personnalisé.
Le 19 septembre à 19h, les Filles de la Photo ont révélé les noms des cinq femmes photographes lauréates de la troisième édition de leur mentorat. Parmi les 298 dossiers reçus – dont 42 % de candidates installées en région – le jury, composé de dix marraines bénévoles, représentantes de divers métiers de la photographie, a souhaité favoriser la pertinence du projet proposé, mais aussi les besoins d’accompagnement des artistes. Ce sont finalement Soum Eveline Bonkoungou, Claire Delfino, Safia Delta, Hélène Jayet et Lydia Saidi qui ont été récompensées. Celles-ci, suivies par des binômes de marraines, poursuivront leurs travaux, qui seront ensuite présentés à PhotoSaintGermain, en 2025. Au lendemain d’un Parlement de la Photographie questionnant l’inclusivité du milieu, les Filles de la Photo affirment, par leur choix, une volonté de dissiper les injustices.
Diaspora burkinabè et pédopsychiatrie
Épaulée par Marie Datganat, acheteuse d’art et agente, et Anne Degroux, directrice adjointe des Femmes s’exposent, Soum Eveline Bonkoungou, originaire d’Ouagadougou, poursuivra Mes Frères et sœurs, un projet mêlant portraits, récits et enregistrements sonores pour retracer l’histoire de la diaspora burkinabè en France. Lauréate de la Grande commande photographique de la BnF, Claire Delfino se tourne elle aussi vers le documentaire. À travers Archipel du soin, elle s’intéresse à la pédopsychiatrie – une branche de la médecine trop peu connue – qu’elle explorera, chaperonnée par Magdalena Herrera, directrice artistique, et Christine Leblond, Client Partner, dans les Hauts-de-Seine.
Politique extrémiste et culture capillaire
« C’est une chance extraordinaire d’articuler ma pratique dans ses aspects sensibles et d’incarner des enjeux sociétaux, en quête d’un point d’équilibre entre des forces contraires », affirme Safia Delta à propos du Mentorat. Guidée par la galeriste Selma Bella Zarhloul et l’acheteuse d’art Feriel Simon, elle poursuit La Réplique, un travail autour de la place de l’immigration dans les rhétoriques politiques, dans une France de plus en plus extrémiste.
Plasticienne et photographe, Hélène Jayet continue Colored Only – Chin Up!, un projet ambitieux présentant la coiffure comme la traduction formelle d’une identité. Aidée par Emmanuelle Halkin et Pascale Obolo, toutes deux commissaires d’exposition, elle espère ainsi terminer cette série ambitieuse, initiée en 2009, et rendre hommage à celles et ceux qu’elle a capturé·es au fil des années.
Lydia Saidi : focus sur les femmes algériennes
Enfin, avec pour marraines la curatrice Ioana Mello et la responsable de clientèle Elisabeth Hering, Lydia Saidi explore, dans Les autres filles du raï, la place des femmes dans les rangs de ce genre musical. Pour se protéger des conséquences que jouer une musique jugée « sulfureuses » peut avoir, celles-ci imprimaient souvent des photos de mannequins occidentales sur leurs pochettes d’albums. Une manière pour la photographe de poursuivre son étude de la place des femmes dans la culture algérienne, après Femmes d’Alger dans leurs nouveaux appartements, nous plongeant dans l’intimité de celles qui choisissent de vivre seules, en dépit des difficultés supplémentaires liées à cette émancipation – un travail à retrouver dans Fisheye #66.