Portes insulaires à la Fondation MRO, met en avant trois séries qui, toutes, portent un regard sur les deltas de certains fleuves d’Europe. Ces zones aux identités fortes, qui se confondent parfois avec le mythe, s’imposent comme des écrins de biodiversité et de traditions ancestrales.
Avec le programme Portes insulaires, la Fondation MRO à Arles met en avant le travail de plusieurs photographes qui ont immortalisé les deltas de fleuves les plus importants d’Europes. Ces grandes zones humides sont des véritables frontières, faussement sauvages, suspendues entre le contrôle humain et la toute-puissance de l’eau. De ces clichés, émerge ainsi un sentiment d’impuissance dans la tentative de maîtrise de territoires particuliers.
Camilla de Maffei, tout d’abord, nous embarque découvrir le delta du Danube, le deuxième le plus vaste d’Europe après celui du Volga, dont les terres fermes ne représentent que 13 % de la superficie totale. Elizabeth Guyon, quant à elle, explore la thématique de la gestion de l’eau en Provence. Cette ressource rare est repérée grâce à une connaissance approfondie des territoires, ce pourquoi sa série s’appelle Le sens de l’orientation. Dans ce travail, la région de la Crau est mise en avant, cette ancienne steppe désertique laissée par le paléo delta de la Durance. Enfin, Mathias Benguigui porte un regard sur le delta du Rhône, la Camargue. Cette région est l’objet de légendes, d’histoires fantastiques et de visions mythologiques. Portée par le tourisme grâce à son image sauvage et idyllique, la région possède en réalité une biodiversité précaire, menacée par des pressions socio-politiques et une crise environnementale sans précédent.
L’identité du delta camarguais retracée au fil de l’eau
Avec la série documentaire en cours Delta bleu, Mathias Benguigui retrace au fil de l’eau l’identité de la Camargue, une zone naturelle en sursis climatique et l’un des deltas les plus emblématiques de notre continent. À travers ses habitant·es, ses paysages et l’invention de son folklore, le photographe met en exergue les différentes tensions présentes dans la région. La Camargue est l’une des plus grandes zones humides d’Europe. Emblème du delta du Rhône, 193,000 de ses hectares sont classés « réserve de biosphère » par l’Unesco. Pourtant, elle traverse une crise profonde, liée aux enjeux environnementaux. Selon le dernier rapport du GIEC, 70 % de ce territoire pourrait être submergé d’ici 2100. Les politiques et scientifiques locaux·les prônent alors une politique de renaturation. Ce projet veut donner une voix à celles et ceux qui vivent et font la Camargue, ses mythologies et ses réalités sociales complexes. Ces photographies ont été produites dans le cadre de la grande commande nationale Radioscopie de la France : regards sur un pays traversé par la crise sanitaire ; financée par le ministère de la Culture et pilotée par la BnF.