La Galerie Magnum présente Raymond Depardon : Passages, une rétrospective visible jusqu’au 26 juillet 2025. À travers une quarantaine de tirages, l’exposition retrace les grands voyages visuels et intérieurs du photographe. Un hommage sensible à un regard humaniste, entre documentaire et poésie du réel.
Jusqu’au 26 juillet 2025, la Galerie Magnum consacre une nouvelle exposition à l’un des plus grands noms de la photographie française contemporaine. Intitulée Raymond Depardon : Passages, elle célèbre la carrière foisonnante de cet inlassable artiste du réel, à travers une quarantaine de tirages issus d’une dizaine de séries majeures. Errance, La France, Correspondance new-yorkaise, Communes… Certaines d’entre elles sont bien connues du public, d’autres moins, mais toutes dévoilent une facette du regard singulier de Raymond Depardon : à la fois sensible, engagé, profondément poétique. En noir et blanc comme en couleur, ces images tracent une géographie intérieure, où chaque lieu semble aussi être un état d’âme. Membre de l’agence Magnum depuis 1979, Raymond Depardon a toujours défendu une photographie du silence, de l’attente, de la présence discrète. « L’éloge de chaque moment », dit-il pour définir son art. Des rues vibrantes de New York aux campagnes françaises désertées, il capte ce qui subsiste, ce qui insiste : une lumière, une solitude, une humanité.
Raymond Depardon : le bonheur de la lumière
Figure incontournable de la photographie française, Raymond Depardon débute très jeune en immortalisant la ferme familiale de Garet, dans la région lyonnaise, avant de partir à Paris en 1958. Il devient rapidement reporter à l’agence Dalmas, puis cofonde en 1966 l’agence Gamma avec Gilles Caron, couvrant les grands conflits et événements internationaux, de la guerre du Vietnam à l’enlèvement de Françoise Claustre au Tchad. Membre de Magnum depuis 1978, Raymond Depardon développe une œuvre singulière, à la croisée du reportage, du journal intime et du cinéma. Parallèlement à ses photographies, il réalise des films documentaires majeurs tels que San Clemente, Délits Flagrants (César du meilleur documentaire en 1995) ou encore une trilogie poignante sur le monde rural.
Son travail, empreint de silence, de solitude et d’humanité, est régulièrement salué par de grandes institutions : la Maison européenne de la photographie (2000), la BnF (La France, 2011), le Grand Palais (Un moment si doux, 2013) ou encore le Mucem, qui lui consacre, en 2016, une vaste rétrospective couvrant plus de cinquante ans de carrière. En 2022, il revient avec deux expositions majeures : Communes, autour des territoires ruraux, et Son œil dans ma main, dialogue avec l’écrivain Kamel Daoud sur l’Algérie. Dans les portraits comme dans les paysages, ce sont toujours les marges qu’il privilégie, les détails minuscules, les atmosphères fugaces. Son travail s’affranchit des conventions du reportage pour atteindre une forme d’introspection visuelle, presque méditative. Une œuvre qui, comme l’écrivait Bruno Racine à propos de La France, naît de « la douleur du cadre » et du « bonheur de la lumière ». À travers cette exposition, visible jusqu’au 26 juillet 2025, la Galerie Magnum rend un hommage à un photographe qui n’a jamais cessé de passer – entre les mondes, entre les images – pour mieux nous faire voir.