Restons créatifs ! : Marianna Ladreyt

15 avril 2021   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Restons créatifs ! : Marianna Ladreyt

Photographe, écrivain, plasticien, dessinateur, graphiste, designeuse, chorégraphe, metteur en scène… Onze créateurs contemporains de plusieurs générations retracent leur processus créatif en livrant au passage leurs recommandations aux jeunes artistes. Sortez de votre zone de confort ! Prenez des risques : Expérimentez ! Explorez ! Travaillez avec intensité ! Composez avec vos intuitions ! Soyez radicaux ! Cherchez l’inspiration dans votre quotidien ! Tirez les leçons de vos échecs ! Creusez ce qui est en vous ! Retrouvez une liberté d’esprit ! Nourrissez-vous des œuvres d’autres artistes ! Laissez-vous guider par vos rêveries ! Révoltez-vous !… Autant de pistes à expérimenter pour trouver votre propre voie. Focus sur la designeuse Marianna Ladreyt. Un article, rédigé par Maxime Delcourt, à retrouver dans Fisheye #46.

 

© Marianna Ladreyt © Louise Desnos

© Marianna Ladreyt © Louise Desnos

D’aussi loin qu’elle se souvienne, Marianna Ladreyt a toujours dessiné des vêtements. Qu’importe qu’elle soit issue d’une famille où s’investir dans la mode n’était pas un choix évident à faire, c’était son envie. Son obsession. Après un cursus classique (trois ans aux Beaux- Arts de Toulouse, trois autres à l’académie Gerrit Rietveld d’Amsterdam), la Française confectionne ses propres sacs dans le cadre d’une collection à la villa Noailles d’Hyères. Marianna Ladreyt pensait en écouler trois ou quatre, il s’en est vendu plus de quatre-cents en 2018 !
Dans la foulée, la jeune femme décide de lancer sa propre marque : « À même pas 30 ans, ça a été un vrai défi de se lancer en tant que chef d’entreprise. Désormais, je ne suis plus seulement designeuse de vêtements : c’est bien mieux si je veux réaliser mes habits comme je l’entends. Soit produire de façon locale, favoriser le déstock et l’upcycling, etc. » Avec, à chaque fois, un tas de questions en tête : « Qu’est-ce qu’un vêtement ? Qu’est-ce qu’il signifie ? Quelle est sa fonctionnalité ? J’ai mille idées à la minute. Ça m’arrive souvent de me réveiller la nuit pour en noter. C’est donc important de se poser les bonnes questions, et aussi de privilégier des vêtements qui ont une histoire à raconter, comme lorsque je décide de créer une collection autour du thème du naufragé. »

Sur sa lancée, Marianna Ladreyt fait référence à d’autres pièces de sa collection: cette chemise oversize dont il est possible d’accrocher une partie sur l’épaule, « dans l’idée de former un drapé qui fait référence à l’Antiquité et à ces statues blanches en marbre » ; ou encore cette imposante doudoune orange, avec un zip en diagonale, ouvertement inspiré par la forme d’une toge. « Je suis une vraie perfectionniste, clame-t-elle. J’ai besoin que tous les détails soient parfaits afin de favoriser la transmission du message souhaité. » Encore faut-il se jouer des contraintes qui se présentent à elle : « Au-delà du confinement, qui a mis un gros coup d’arrêt au développement de ma marque, il faut avouer que c’est super dur de trouver des financements. Je n’ai pas d’attachés de presse ni de commerciaux. Heureusement, des membres de ma famille ont une petite usine de confection à Athènes. Ça permet de travailler dans un esprit familial et à moindre coût. Ça vient aussi rappeler qu’il faut savoir faire preuve de débrouillardise pour s’en sortir au quotidien. »

Sans doute est-ce pour cela que Marianna Ladreyt parle si souvent de curiosité et de liberté : deux atouts essentiels à son geste créatif et à son épanouissement personnel. « L’important, conclut-elle, ce n’est pas tant de se remettre en question en permanence que de creuser toujours plus loin ce qui est en nous. Une nouvelle collection, ce n’est pas nécessairement une réinvention de soi-même, mais un prolongement. J’essaie à chaque fois d’expérimenter davantage, de renforcer la sensation de confort et de ne jamais me dire : “Ah non, on ne peut pas faire ça.” La création, ça doit aller au-delà de ces normes sociales qui enferment dans des dogmes et des schémas de pensées. »

 

Cet article est à retrouver dans Fisheye #46, en kiosque et disponible ici

© Marianna Ladreyt © Louise Desnos© Marianna Ladreyt © Louise Desnos

© Marianna Ladreyt Photo : © Louise Desnos

© Marianna Ladreyt © Maria Korkeila

© Marianna Ladreyt  Photo : © Maria Korkeila

© Marianna Ladreyt © Hubert Crabières© Marianna Ladreyt © Hubert Crabières

© Marianna Ladreyt Photo : © Hubert Crabières

Image d’ouverture : © Marianna Ladreyt Photo : © Hubert Crabières

Explorez
15 séries qui célèbrent l'automne
15 séries qui célèbrent l’automne
Le soleil se fait de plus en plus discret, les feuilles commencent doucement à changer de couleur, quitter sa couette le matin se fait de...
09 octobre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Retrouvez Fisheye au Salon de la Photo 2025 !
Untitled, 2008 © Anna Di Prospero
Retrouvez Fisheye au Salon de la Photo 2025 !
La grande halle de la Villette accueille, du 9 au 12 octobre 2025, la nouvelle édition du Salon de la Photo. Rendez-vous en ce début...
08 octobre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Les images de la semaine du 29 septembre 2025 : expositions et représentations
Speak the Wind, 2015-2020 © Hoda Afshar, Courtesy de l'artiste et de la Galerie Milani, Brisbane, Australie.
Les images de la semaine du 29 septembre 2025 : expositions et représentations
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye vous parlent de certaines des expositions du moment et de sujets qui...
05 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Billie Eilish, hasard et ambivalence : dans la photothèque de Jenny Bewer
La première photographie qui t’a marquée et pourquoi ? © Jenny Bewer
Billie Eilish, hasard et ambivalence : dans la photothèque de Jenny Bewer
Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les artistes des pages de Fisheye reviennent sur les œuvres et les...
03 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Voyage au centre de la terre brésilienne
Périphérie de São Paulo, 2020 @Vincent Catala
Voyage au centre de la terre brésilienne
Comment représenter un pays de façon juste et nuancée, loin des clichés véhiculés autour de ce dernier ? L’impressionnant Île-Brésil de...
Il y a 9 heures   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Prix Photographie & Sciences : Julien Lombardi et Richard Pak exposent à la Villa Pérochon
Inframundo, de la série Planeta, 2024 © Julien Lombardi
Prix Photographie & Sciences : Julien Lombardi et Richard Pak exposent à la Villa Pérochon
Du 11 octobre 2025 au 21 février 2026, la Villa Pérochon devient théâtre de sciences, présentant les travaux de Julien Lombardi, lauréat...
10 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
15 séries qui célèbrent l'automne
15 séries qui célèbrent l’automne
Le soleil se fait de plus en plus discret, les feuilles commencent doucement à changer de couleur, quitter sa couette le matin se fait de...
09 octobre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Flore Prébay : De deuil et de papier
Iceberg, de la série Deuil blanc © Flore Prébay
Flore Prébay : De deuil et de papier
Du 16 octobre au 30 novembre 2025, la Fisheye Gallery présente Deuil blanc, de Flore Prébay, dans le cadre des Rencontres photographiques...
09 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger