Pour le 23e numéro de sa série bimensuelle dédiée aux photographes émergent·es, Setanta Books publie le travail délicat de Sara Silks. Entre procédés alternatifs et matières organiques, l’artiste américaine dévoile un univers songeur où la lumière, la nature et le temps tissent une partition sensible.
Installée dans le centre des États-Unis, Sara Silks développe une pratique à la frontière du geste artisanal et de la contemplation. « Je crée des images à l’aide de la photographie et de procédés alternatifs, en combinant mon amour pour les procédés analogiques et les pratiques numériques contemporaines », explique-t-elle. Formée au dessin, à la peinture et à la gravure, elle a trouvé dans la photographie un prolongement naturel à ces disciplines, un espace où le hasard et la matière dialoguent librement. L’artiste puise ses racines dans les paysages du Missouri, faits de collines, de champs et de silences. Cette enfance solitaire et rebelle, confie-t-elle, lui a appris « à être à l’écoute de la terre, de la lumière et des gestes discrets du monde naturel ». Cette attention au vivant guide encore aujourd’hui sa démarche. Ses œuvres explorent la transformation à travers des processus élémentaires, tels que la cristallisation du sel, l’empreinte de fleurs, la dissolution de l’eau, où chaque matière devient à la fois sujet et partenaire. Entre expérimentation et intuition, Sara Silks laisse la nature imprimer sa trace, révélant une poésie du fragile et de l’éphémère.
Entre ombre et transparence
Dans cet ouvrage publié par Setanta Books, les images s’enchaînent tels les mouvements d’une partition visuelle. « Tout au long de l’ouvrage, la lumière fonctionne non seulement comme un éclairage, mais aussi comme un personnage », explique la photographe. Qu’il s’agisse de la lune, d’une boule à facettes ou du soleil derrière la brume, cette lumière ne cherche jamais à tout dévoiler : « Elle ne révèle que ce qui est nécessaire. » Feuilles, branches, fleurs… Les éléments naturels reviennent comme des refrains réconfortants, dessinant des échos discrets sur le thème du temps. Sa relation à la couleur est tout aussi délicate et intuitive. « Elle repose davantage sur de subtiles variations tonales que sur une intensité chromatique manifeste. Je travaille avec des vert mousse, des ocre doux, du gris argenté, des lavande brumeux. Ces couleurs évoquent toutes une humeur et un souvenir », précise l’artiste. Cette monographie rassemble près de dix ans de création. Le point commun de toutes ces images ? La proximité. Car, « la magie se trouve toujours dans mon propre jardin », confie la photographe. Inspirée autant par la peinture de Rembrandt que par les atmosphères oniriques de Sarah Moon et Deborah Turbeville, Sara Silks tisse un lien entre les arts, les époques et les émotions. Entre jour et nuit, ombre et transparence, son œuvre invite à une forme d’écoute silencieuse, celle du monde qui se transforme lentement, de l’aube au crépuscule.
48 pages
30,95 €
/