SMOKE/NEW YORK : les archives de rue de Michael Ackerman

22 novembre 2023   •  
Écrit par Costanza Spina
SMOKE/NEW YORK : les archives de rue de Michael Ackerman
© Michael Ackerman
© Michael Ackerman
© Michael Ackerman

© Michael Ackerman

© Michael Ackerman

Jusqu’au 9 décembre, Camera Obscura à Paris présente SMOKE/NEW YORK, une exposition dédiée à Michael Ackerman, le photographe qui a commencé par arpenter les rues de New York pour ensuite suivre les artistes underground d’Atlanta qui habitent le quartier de Cabbagetown. Aujourd’hui, les deux séries iconiques sont réunies dans un livre publié chez la nouvelle maison d’édition l’axolotl.

L’exposition SMOKE/NEW YORK, à la galerie Camera Obscura,rassemble deux séries iconiques du photographe Michael Ackerman. A l’origine de sa passion pour la photographie, c’est l’histoire du déracinement de sa famille qui le pousse à s’intéresser au sort des vulnérables, de celles et ceux qui vivent en marge. Le photographe qui définit son identité comme « un mystère » et sa maison comme un « concept vague », est enfant d’une famille israélienne ayant émigré à New York en 1974. Son écriture photographique est immédiatement reconnaissable, par sa force d’évocation et par les images labyrinthiques et tourmentées qu’il crée, notamment dans la série consacrée à Bénarès. Elle fait l’objet d’une publication chez Robert Delpire en 1999, titrée End Time City, et c’est la découverte d’un nouveau talent iconoclaste. Dans l’exposition à Camera Obscura, sont réunies deux de ses séries majeures : NEW YORK¸ dans laquelle il a arpenté les rues de la ville en quête de récits extraordinaires, et SMOKE¸ qui est le résultat de ses années à traîner avec la scène artistique émergente d’Atlanta. Les deux, font l’objet d’un livre, publié chez l’axolotl, nouvelle maison d’édition de Caroline Bénichou. « Je suis certain d’être devenu photographe à cause de l’histoire de déracinement et d’exil de ma famille, écrit Ackerman. La photographie a été un nouveau langage, une voix et un moyen de me connecter à une humanité souvent fragile et vulnérable. C’est une exploration de lieux et de personnes profondément stratifié·es, hanté·es et transformé·es ».

SMOKE : histoire d’une rencontre

SMOKE est la série qui définit le style photographique d’Ackerman, conteur d’histoire de rue, ayant tiré le portrait d’une Amérique autrement invisible. Les contre-cultures le passionnent et il vit au rythme de la scène artistique d’Atlanta, puis de New York. En 1996, Michael Ackerman rencontre Benjamin, créateur du groupe Smoke : musicien, poète, figure de l’underground, personnage charismatique et touchant par son énergie vitale, son art, sa fragilité. Pendant les deux années qui suivent, le photographe suit les aventures du groupe, mais aussi des artistes et personnages inclassables qui font le cœur de Cabbagetown, le quartier populaire d’Atlanta dans lequel Ackerman habite. Le photographe et le musicien se rencontrent après un concert, alors que Benjamin traînait dans sa chambre d’hôtel avec les amis. Entre la fumée de cigarette, les ris et les discussions animées, le photographe se retrouve invité dans un contexte qui met à l’épreuve sa timidité. Mais Benjamin le met de suite à l’aise, par son charisme et sa tendresse naturelle. « Je me suis assis dans un coin, émerveillé et intimidé, et je suis resté silencieux. J’ai peut-être pris quelques photos, peut-être pas. Vers quatre heures du matin, je me suis endormi par terre dans une autre pièce, écrit Ackerman. Quelques heures plus tard, je me suis réveillé, j’ai regardé dans sa chambre et je l’ai vu endormi, lui aussi par terre, devant son lit. Aujourd’hui, 27 ans plus tard, j’essaie de me souvenir de ce que j’ai ressenti en le voyant étendu là, si fragile. J’ai pris une photo à l’époque, je l’ai pris dans mes bras et je l’ai porté jusqu’à son lit, puis je suis sorti dans la lumière du jour pour découvrir Cabbagetown. » SMOKE est avant tout l’histoire d’une rencontre : celle entre deux façons de dire et d’écrire le réel, entre deux artistes qui ont dépassé les mots pour se comprendre. Dans le livre, la série est accompagnée des textes de Benjamin, Jem Cohen et Patti Smith.

© Michael Ackerman
À lire aussi
« C'est une offrande » : Denis Dailleux dans les yeux de son commissaire
« C’est une offrande » : Denis Dailleux dans les yeux de son commissaire
Jusqu’au 4 mars, la galerie Camera Obscura accueille les séries Misr et Le pouvoir des fleurs de Denis Dailleux. À l’occasion de…
23 février 2023   •  
Écrit par Ana Corderot
Take a walk on the dark side : la photographie de Michael Ackerman
Take a walk on the dark side : la photographie de Michael Ackerman
© Michael Ackerman / VU’“Ça va me prendre un peu de temps pour me lancer. Je vais m’améliorer avec…
20 décembre 2013   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Explorez
Ekaterina Perfilieva et l'intime au cœur de la fracture
© Ekaterina Perfilieva, Nocturnal Animals
Ekaterina Perfilieva et l’intime au cœur de la fracture
À la fois distante et profondément engagée, Ekaterina Perfilieva, artiste multidisciplinaire, interroge une contemporanéité...
17 septembre 2025   •  
Écrit par Milena III
Le ministère de l’Aménagement du territoire fête les 80 ans de la Libération
Megapolis, Puteaux, 2025 © Aleksander Filippov
Le ministère de l’Aménagement du territoire fête les 80 ans de la Libération
À l’occasion des 80 ans de la Libération, les ministères de l’Aménagement du territoire et de la Transition écologique ont lancé...
08 septembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les coups de cœur #558 : Marina Viguier et Emma Tholot
Carmela, série Carmela © Emma Tholot
Les coups de cœur #558 : Marina Viguier et Emma Tholot
Marina Viguier et Emma Tholot, nos coups de cœur de la semaine, explorent la théâtralité comme outil de résistance, de liberté et de...
08 septembre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Les images de la semaine du 1er septembre 2025 : le pouvoir des images
© Julie Wintrebert, Crazy Beaches, 2024 / courtesy of the artist and festival Les Femmes et la mer
Les images de la semaine du 1er septembre 2025 : le pouvoir des images
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, pour la rentrée, les pages de Fisheye se mettent au rythme du photojournalisme, des expériences...
07 septembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Ekaterina Perfilieva et l'intime au cœur de la fracture
© Ekaterina Perfilieva, Nocturnal Animals
Ekaterina Perfilieva et l’intime au cœur de la fracture
À la fois distante et profondément engagée, Ekaterina Perfilieva, artiste multidisciplinaire, interroge une contemporanéité...
17 septembre 2025   •  
Écrit par Milena III
Le 7 à 9 de Chanel : Valérie Belin et la beauté, cette quête insoluble
© Valérie Belin
Le 7 à 9 de Chanel : Valérie Belin et la beauté, cette quête insoluble
L’heure des rencontres « 7 à 9 de Chanel » au Jeu de Paume a sonné. En cette rentrée, c’est au tour de Valérie Belin, quatrième invitée...
16 septembre 2025   •  
Écrit par Ana Corderot
La sélection Instagram #524 : espaces intimes
© Sara Lepore / Instagram
La sélection Instagram #524 : espaces intimes
La maison se fait à la fois abri du monde et porte vers le dehors, espace de l’intime et miroir de nos modes de vie. Les artistes de...
16 septembre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
5 coups de cœur qui témoignent d'un quotidien
I **** New York © Ludwig Favre
5 coups de cœur qui témoignent d’un quotidien
Tous les lundis, nous partageons les projets de deux photographes qui ont retenu notre attention dans nos coups de cœur. Cette semaine...
15 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet