« Chaque immersion dans la nature est une découverte et un émerveillement », explique Étienne Francey entre les pages du Fisheye #62, dont il signe la couverture. Finaliste de la première édition du Prix Fisheye de la création visuelle, initié à l’occasion du 10e anniversaire du magazine, le photographe se distingue par son écriture singulière. À la manière d’un poète dont la plume aurait substitué le boîtier, il dépeint l’environnement alentour en en sublimant les détails. Au fil de ses créations, les idées fleurissent et s’expriment comme des aquarelles. La netteté des traits ne trouve d’intérêt que si elle renouvelle le sujet immortalisé. Le réel se distille ainsi dans l’évocation du rêve où les nuances vives se révèlent sous les flashs. Les formes de la nature s’étirent et laissent les traces de leurs mouvements jusqu’à esquisser de nouveaux contours. Si le regard s’interroge d’abord, il s’accommode très vite à cet univers à l’allure picturale, et un sentiment de quiétude se dégage de l’harmonie des compositions. L’émerveillement opère de nouveau, changeant alors de point de vue. Seule la maîtrise du médium, du savoir-faire qui en découle, permet une telle fluidité des images, qui n’aura de cesse de fasciner les esprits les plus enclins à la rêverie. Aujourd’hui, Étienne Francey se prête à l’exercice du portrait chinois.
Si tu étais…
Une de tes images ?
Celle qui présente le dos d’une vache rose. Un mélange de couleurs irréelles et un sujet bien ancré à la terre.
Une lumière ?
Un éclair de flash au crépuscule.
Une couleur ?
Rose. Même si c’est une porte ouverte au kitsch, je l’aime bien par petite touche.
Un sujet à explorer ?
Une série sur les traces de mon grand-père Marcel. Photographe amateur, il m’a transmis sa passion pour la photo. Il aimait autant lever les yeux vers le ciel pour observer les étoiles que capturer les insectes les plus étranges pour les endormir dans le frigo et leur tirer le portrait.
Une émotion ?
La surprise.
Un personnage, historique ou fictif ?
P’tit Biscuit dans Shrek.
Un paysage ?
Un alpage, parce que le temps y passe lentement.
Un objet ou un décor ?
Un fond en papier.
Une musique ?
« Don’t be shy » de Cat Stevens.
Un livre ?
Un livre photo avec du papier rugueux mat.
Un vêtement ou un accessoire ?
Un nœud papillon.
Un genre, une écriture photographique ?
L’onirique.
Un métier ?
Photographe. Mais plus petit, je voulais être conducteur de train ou retraité.
Un lieu culturel ?
Un musée d’art. Enfant, je me rappelle avoir été assez bousculé après mes premières visites d’expositions de peintures. Arrivé à la maison, je prenais une feuille et je dessinais ce qui m’avait marqué. J’ai toujours eu ce besoin de reproduire ce que je voyais.
Quelqu’un avec qui réaliser un projet en duo ?
Je rêverai d’échanger avec Jérôme Bosch. Il devait être assez déjanté.