Jusqu’au 11 février 2024, Viviane Sassen s’expose à la MEP à l’occasion d’une rétrospective d’envergure. Comme son nom le suggère, Phosphor: Art & Fashion 1990-2023 retrace plus de 30 ans de création artistique.
« Je connaissais Simon Baker, le directeur de la Maison européenne de la photographie, depuis un certain nombre d’années. Il s’intéressait de près à ma pratique artistique et m’a proposé de concevoir une exposition. J’en suis très heureuse. C’est un espace formidable et je suis ravie de pouvoir montrer mon œuvre à Paris, où je travaille souvent, en particulier pour mes commandes commerciales », explique Viviane Sassen avec enthousiasme. Pour la première fois en France, une institution lui offre une rétrospective. Intitulée Phosphor: Art & Fashion 1990-2023, celle-ci présente plus de 200 tirages éclectiques cristallisant trente ans de production foisonnante. Comme le suggère le titre, dans les méandres du musée se rencontrent ainsi bien ses compositions artistiques, qui entremêlent la photographie à la peinture, au collage et à la vidéo, que ses séries de mode. « J’ai toujours mené de front deux carrières. Dès mon plus jeune âge, je m’intéressais à la possibilité de collaborer avec des magazines, de faire des éditoriaux, car c’était un moyen d’explorer le médium de différentes manières, mais également de diffuser mon travail dans le monde. Lorsque j’ai commencé, dans les années 1990, Internet n’était pas aussi répandu », souligne-t-elle.
Développant une esthétique qui lui est propre, Viviane Sassen signe ses œuvres de motifs récurrents, parmi lesquels une profusion de couleurs éclatantes, de corps géométriques, de jeux d’ombres et de lumières faisant jaillir de singuliers reflets. Son processus créatif est nourri par un vif attrait pour le renouvellement des formes, faisant écho à son envie d’interroger les sphères de l’intime. « Plus jeune, j’esquissais des croquis que je recréais par la suite. Aujourd’hui, je préfère être surprise par les éléments que j’ai à disposition sur le plateau. Je suis plus spontanée et j’essaie d’expérimenter davantage », précise-t-elle. Le mouvement surréaliste – qu’elle a découvert, enfant, en parcourant de beaux ouvrages piochés sur les étagères de la bibliothèque familiale – s’impose comme l’une de ses inspirations majeures. Ses images octroient ainsi une dimension sibylline à la réalité, comme si elle se confondait aux mystères de la nuit, à l’irrationnel qui règne en majesté au royaume des rêves.
Cet article est à retrouver dans son intégralité dans le dernier numéro de Fisheye.