Jusqu’au 30 décembre, le musée Albert Kahn présente une exposition de photographies du philanthrope, qui met en lumière sa passion pour le végétal à travers les milliers d’images réalisées dans ses jardins de Boulogne et du Cap-Martin.
Dans les trente premières années du 20e siècle, le mécène Albert Kahn a fait réaliser des centaines d’images de ses deux jardins, celui de Boulogne et celui, aujourd’hui disparu, de sa résidence méditerranéenne de Cap-Martin, afin d’immortaliser cette nature florissante et ces créations botaniques. Images et imaginaires des jardins d’Albert Kahn dépoussière cette belle archive. Les images reflètent les expérimentations de la photographie de l’époque, dont l’autochrome restitue toute la splendeur. Le cinématographe capture la splendeur des couleurs des fleurs, les mouvements des branches dans le vent, les travaux des jardinier·ères, les déambulations des invité·es dans ces paradis végétaux. La collection dévoile un réel intérêt pour l’horticulture et a une visée scientifique, comme le démontrent les vidéos de Jean Comandon, réalisées dans le laboratoire de Boulogne à la fin des années 1920. « Cette sensibilité pour le vivant est au cœur de l’exposition et nourrit le travail d’artistes contemporain·es dont les œuvres dialoguent avec le patrimoine photographique et végétal du musée » expliquent les organisateurices.
Un soin apporté au végétal
Au cœur de l’exposition, nous retrouvons le gigantisme des œuvres botaniques et en particulier des transplantations. Le travail des jardinier·ères est valorisé dans plusieurs clichés. Courbé·es sur la terre, travaillant à la main, iels sont l’âme de ces jardins et les sujets mystérieux de ces anciennes photographies. Les films et les photographies en noir et blanc capturent ces mouvements. Images et imaginaires des jardins d’Albert Kahn est une promenade entre photographies, films, objets, archives et œuvres contemporaines. La scénographie est conçue par Studio Matters et se déploie en sept scènes, du site disparu de Cap-Martin aux perspectives contemporaines du jardin de Boulogne. « Le temps de pose plus lent des autochromes est idéal pour les portraits posés, tels ceux des jardinier·ères soldats qui prennent la pose le temps d’une permission » écrivent les curateurices. Ces photos racontent un soin apporté au végétal. La préservation de la biodiversité est au centre des œuvres d’artistes contemporain·es qui accompagnent les travaux réalisés au début du 20e siècle. Un parcours visuel qui devient comme une « métaphore paysagère du monde en paix ».