Elisa Villard et Anastasia Tuzova, nos coups de cœur de la semaine, sont deux amoureuses de l’argentique et de ses possibilités créatives. Si la première fait naître des récits grâce à un heureux hasard, la seconde s’emploie davantage à approfondir l’espace et les perspectives visuelles sur les choses.
Elisa Villard
C’est en dénichant un appareil argentique dans un brocante, vendu avec une pellicule prétenduement vide, qu’Elisa Villard a la surprise de découvrir une double série : ses propres images superposées à celles d’une famille inconnue, « probablement anglaise et éloignée dans le temps », suppose-t-elle. En est née une série photographique fascinante. « Fruit du hasard et du croisement inattendu de vies parallèles qui se rejoignent le temps d’un souvenir, c’est pour moi la meilleure preuve visuelle de la superposition des temporalités. Chacun·e avance à son rythme, mais en même temps », déclare-t-elle avec poésie. Ainsi, ses images semblent dérouler une pellicule infinie d’images en mouvement, qui s’entremêlent et se font écho, car tandis qu’elle se présente, elle annonce d’emblée : « Je ne sais pas comment me présenter rapidement sans mentionner que c’est dans une salle de cinéma que je me sens le mieux. » Pour cette jeune artiste de 26 ans, l’appareil photographique s’impose comme un « témoin de [s]on regard » autant que comme un moyen privilégié d’accéder à des mondes parallèles au nôtre.
Anastasia Tuzova
« J’aime le pouvoir d’autoréflexion des personnes qui m’entourent, leur intelligence, leur intérêt pour ce qu’iels font, leur profondeur », confie Anastasia Tuzova. Photographe originaire de Minsk, en Biélorussie, cette jeune psychologue de formation, qui officie sous le pseudonyme Instagram @flyingdeadhouse, explore un mélange de bizarre et de beauté. Si c’est en partie l’état de solitude qui l’inspire dans sa pratique, cette ancienne grande timide a surtout trouvé, en son objectif, une manière de pouvoir enfin regarder les autres dans les yeux, se connecter à elleux, et poser un œil attentif sur le monde. Avec Anastasia Tuzova, la photographie ouvre un espace pour la profondeur et la sensualité visuelles, que l’authenticité rafraîchissante de l’argentique vient magnifier.