Daido Moriyama, ivresse et mystère, dans la photothèque d’Elie Monférier

21 décembre 2023   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Daido Moriyama, ivresse et mystère, dans la photothèque d’Elie Monférier
© Elie Monferier

Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les auteurices publié·es sur les pages de Fisheye reviennent sur les œuvres et les sujets qui les inspirent particulièrement. Aujourd’hui, c’est Elie Monférier qui nous invite à découvrir son imaginaire. Un univers brut, où les étreintes fugaces côtoient la recherche de l’absolution et la quête de l’invisible. Un territoire complexe habité par des sensations intenses dont il nous ouvre aujourd’hui les portes.

Si tu devais ne choisir qu’une seule de tes images, laquelle serait-ce ?
La première photographie qui t’a marqué et pourquoi ?

Si tu devais ne choisir qu’une seule de tes images, laquelle serait-ce ?

Les images qu’on garde sont souvent celles auxquelles on associe une couleur affective particulière. Cette image, je me souviens très précisément du moment où je l’ai réalisée, et elle est pour moi associée au deuil. À chaque fois que je la vois, je retourne à un endroit qui n’existe plus que dans ma mémoire.

La première photographie qui t’a marqué et pourquoi ?

Je dirais Daido Moriyama. Non pas l’une de ses photos en particulier, mais sa manière d’associer les photographies et de créer du vertige. C’est radical. Ça fait sans cesse vaciller la perception.

Un shooting rêvé ?

L’Himalaya comme lieu sacrificiel de nos sociétés consuméristes, déchetterie et tombeau à ciel ouvert.

Un·e artiste que tu admires par-dessus tout ?

Le Greco et ses lumières de fin du monde, sa vision hallucinée de l’humanité, cette couleur crue qui saccage le sujet pour n’être plus que pure peinture et qui me reste longtemps dans les yeux.

Une émotion à illustrer ?

L’ivresse sous toutes ses formes : l’enthousiasme élégiaque, la tristesse fraternelle, la colère et la grâce.

Un shooting rêvé ?

Un·e artiste qui tu admires par-dessus tout ?

Une émotion à illustrer ?
Un genre photographique, et celui qui le porte selon toi ?
Un territoire à capturer ?

Un genre photographique, et celui ou celle qui le porte selon toi ?

La photographie de rue et Mark Cohen. J’aime son personnage, sa manière d’approcher les gens au plus près. On sent une grande bataille qui fait rage en lui avant de faire l’image. C’est sans doute de cette lutte intérieure que vient sa façon de cadrer, de jouer avec l’hors-champ.

Un territoire à capturer ?

L’Europe de l’Est et ses plaines céréalières en hiver balayées par les fantômes du 20e siècle. Un territoire intangible et mental où se mêlent le passé et le présent, les vestiges de l’histoire et les enjeux de la construction européenne.

Une thématique que tu aimes particulièrement aborder et voir aborder en photo ?

Le mystère. Encore et toujours, trouver comment regarder ce que je ne peux pas voir.

Un événement photo que tu n’oublieras jamais ?

Dernièrement, l’installation vidéo d’Angelika Markul, Deadly Charm of Snakes, qu’on peut voir au MAC VAL m’a particulièrement frappé. C’est un film de 18 minutes sur un concours de beauté dans une petite ville du Texas où est élue la reine des serpents. Entre glamour et effroi, c’est une œuvre hypnotique sur la violence de nos sociétés humaines.

Une œuvre d’art qui t’inspire particulièrement ?

Le travail de Soulages. Ça met en présence quelque chose dont j’ignore tout. Une sensation particulière de la lumière – qui se diffuserait à partir de sa propre absence.

Une thématique que tu aimes particulièrement aborder et voir aborder en photo ?

Un événement photo que tu n’oublieras jamais ?

Une œuvre d’art qui t’inspire particulièrement ?
À lire aussi
Focus #22 : Elie Monférier, des bêtes et des hommes
Focus #22 : Elie Monférier, des bêtes et des hommes
Comme tous les mercredis, voici le rendez-vous Focus de la semaine ! Aujourd’hui, lumière sur Elie Monférier qui livre, avec Sang Noir…
28 septembre 2022   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Elie Monférier sacralise la finitude de l’Homme
Elie Monférier sacralise la finitude de l’Homme
Après Sang Noir, Elie Monférier a composé Sacre, un récit tout aussi viscéral. Second volet d’une trilogie en cours, l’ouvrage…
19 avril 2022   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Explorez
Éléa-Jeanne Schmitter en zone trouble
© Éléa-Jeanne Schmitter
Éléa-Jeanne Schmitter en zone trouble
Die Tore – en allemand, « les portes » – a été publié dans le livre On Death édité par Humble Arts Foundation et Kris Graves Projects...
03 juin 2025   •  
Écrit par Milena III
Les coups de cœur #545 : Rose Guiheux et Maksim Semionov
Melvin and Milan's room, 2024 © Rose Guiheux
Les coups de cœur #545 : Rose Guiheux et Maksim Semionov
Rose Guiheux et Maksim Semionov, nos coups de cœur de la semaine, explorent l’individu dans son rapport à l’autre et à l’espace. Abordant...
02 juin 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Huá biàn : quand la musique se rebelle
Love, de la série Huá biàn © Agathe Veidt
Huá biàn : quand la musique se rebelle
Agathe Veidt saisit la fête et les chants de révolte au cœur d’une boîte de nuit de renom à Shenzhen. De retour en France, elle tricote...
29 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Katrin Koenning et le deuil partagé du vivant
© Katrin Koenning, between the skin and sea / Courtesy of the artist and Chose Commune
Katrin Koenning et le deuil partagé du vivant
Photographe établie en Australie, Katrin Koenning signe between the skin and sea, un livre bouleversant paru chez Chose Commune en 2024....
27 mai 2025   •  
Écrit par Milena III
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Au fil des pages du joli Cafoucho de Boby
Cafoucho © Boby
Au fil des pages du joli Cafoucho de Boby
Boby sort son premier livre, Cafoucho, publié chez Fisheye Éditions. Mêlant exigence informative et recherche esthétique, il compile...
09 juin 2025   •  
Écrit par Anna Rouxel
Les coups de cœur #546 : Marine Toux et Aziyadé Abauzit
© Marine Toux
Les coups de cœur #546 : Marine Toux et Aziyadé Abauzit
Dans leurs travaux respectifs, Marine Toux et Aziyadé Abauzit, nos coups de cœur de la semaine, font toutes deux l’éloge du fragment. La...
09 juin 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les images de la semaine du 2 juin 2025 : vide, étrangeté et expositions
© Marie Le Moigne / Instagram
Les images de la semaine du 2 juin 2025 : vide, étrangeté et expositions
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye vous parlent d’étrangeté, évoquent un vide à combler et vous font découvrir...
08 juin 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Politique : bousculer les regards sur le travail du sexe
Petra, du livre Politique © Jeanne Lucas
Politique : bousculer les regards sur le travail du sexe
Jeanne Lucas révèle Politique, son premier livre publié aux éditions Rue du Bouquet, un projet cocréé main dans la main avec des...
07 juin 2025   •  
Écrit par Marie Baranger