Du 3 au 13 octobre 2024, la 8e édition du festival InCadaqués présentera 25 expositions dans la baie méditerranéenne. Parmi celles-ci, le travail de Sasha Mongin, lauréate du Prix Premi Fotografia Femenina Fisheye x InCadaqués.
Au cœur de Cadaqués, sublime village de la côte méditerranéenne, la 8e édition du festival photographique InCadaqués déploiera sa programmation, du 3 au 13 octobre 2024. Une véritable déambulation visuelle croisant des œuvres d’un autre temps aux expérimentations artistiques d’artistes émergent·es. Cette année, 25 expositions regroupent 35 auteurices issu·es de 19 pays différents. Au cœur des galeries qui bordent les rues du centre, en plein air, ou même dans l’eau de la baie, les clichés présentés rehaussent encore la beauté du territoire. De Martin Parr & The Anonymous Project, en passant par Joan Fontcuberta, Laia Abril, Paul Cupido, Anna Muller, Philippine Schaefer, Éloise Labarbe-Lafon, lauréate du concours open call du festival, ou encore Christopher Barraja, soutenu par Fisheye, les photographes invité·es rivalisent de poésie, d’humour et de créativité et promettent aux visiteureuses une immersion fantasmée dans Cadaqués.
Sasha Mongin : créer avec la mort
Pour la seconde année consécutive, le festival, en partenariat avec Fisheye, a lancé le Premi Fotografia Femenina, un concours célébrant le female gaze au sein du 8e art. Parmi les nombreuses candidatures, c’est Sasha Mongin qui a su se démarquer. Née aux États-Unis en 1989, l’artiste s’est formée aux Gobelins à Paris, avant de développer ses premières séries à Shanghai. Jouant avec les nuances, les flous, les couleurs, la photographe s’attache à brouiller les frontières entre réel et fantasme au cœur de ses projets, permettant ainsi à la narration d’émerger. Dans Le mourant qui ne mourrait pas, travail récompensé par le Prix, Sasha Mongin tisse un récit personnel. « Mon père a été contaminé par le VIH lors d’une transfusion sanguine en 1982, suite à une opération du cœur. Le SIDA a permis à un virus rare d’attaquer son cerveau, ce qui a fortement réduit ses capacités motrices et de locution. J’avais alors 7 ans, et les médecins ne lui donnaient que quelques mois à vivre. Mais il leur a donné tort : il est toujours avec nous aujourd’hui », confie-t-elle.
Dans les images, une brume s’installe, comme pour brouiller le concept même de la mort. Le temps vient ronger les portraits, pour en faire des ruines de souvenirs. Imaginé comme une plongée dans l’esprit de Sasha Mongin lorsqu’elle était enfant, Le mourant qui ne mourrait pas est un conte nébuleux où l’onirisme panse les blessures, poétise la douleur. « La mort a toujours été un sujet commun dans mon quotidien et celui de mes parents. Ils en rient, ils en pleurent, et ils l’attendent », précise la photographe. Ainsi, loin de chercher à mettre en scène la simple tristesse, elle imprègne la série de son identité artistique pour faire jaillir, de ce doute omniprésent, un amour invincible.