Jusqu’au 3 novembre, l’Abbaye de l’Épau présente Dans les herbes hautes, une série d’expositions contemplatives qui ont lieu dans son immense parc. C’est l’occasion de découvrir les regards de plusieurs photographes contemporain⸱es ainsi que la nature autour de l’Abbaye.
Dans les herbes hautes est le titre de la saison photographique 2024 de l’Abbaye de l’Épau, une série d’expositions qui nous invitent à nous promener dans ce parc de 13 hectares, révélant sans cesse de nouvelles perspectives sur le bâtiment et les jardins. La scénographie au sein de ce lieu patrimonial essaie de répondre aux propos engagés des photographes, qui racontent le monde contemporain, mais aussi de créer une sensation de quiétude, en harmonie avec le cadre.
Hiên Lâm Duc, photographe franco-laotien, se démarque avec son reportage autour de la question environnementale dans le Kurdistan Irakien, où il se rend depuis maintenant 30 ans pour témoigner des grands bouleversements de la région. Gérard Uféras, avec Le Sport au Cœur, portraits d’une passion, revient sur les valeurs de solidarité et de respect propres aux activités physiques. Anissa la boxeuse, Jules le footballeur de huit ans, Thierry le chef étoilé et kendoka, Daniel le président de club de rugby, Malik le yamakasi, Cécile la joueuse de Roller Derby, Gaël aveugle et footballeur…autant de portraits que d’histoires uniques à découvrir. L’artiste Myrto Papadopoulos raconte, quant à elle, l’histoire des femmes de la communauté Pomak, qui habitent dans les régions montagneuses de Thrace. Le mysticisme de cette terre se mélange au documentaire, en nous embarquant dans une aventure fascinante.
Hiên Lâm Duc : dénoncer l’écocide
La région autonome du Kurdistan irakien a peu à voir avec les autres régions du pays, administrées par le gouvernement central de Bagdad. Cette terre montagneuse est un abri pour les forces du PKK (le parti des travailleur⸱ses du Kurdistan), considéré comme un allié de Bagdad contre l’État Islamique et comme une organisation terroriste du côté turc. Cette situation politique marque profondément le rapport des habitant⸱es au territoire. Le photographe Hiên Lâm Duc, qui vit entre la France et ce territoire, raconte depuis trente ans les interrelations entre les Kurdes et leur environnement. Il se penche notamment sur la présence des arbres : chacun a son histoire et chaque village transmet, de génération en génération, les mythes qui entourent ces géants verts. Néanmoins, les bombardements et l’abattage illégal les mettent en péril eux, et les traditions centenaires qui leur sont liées. 20 % de la végétation de la région a été éliminée depuis 2014. Ayant été lui-même réfugié après avoir fui le Laos en 1977 lors de la prise de pouvoir des Pathet-Lao, le photographe ressent une empathie particulière pour ces populations irakiennes, meurtries depuis la guerre du Golfe en 1991. Grâce au reportage, Kurdistan, vivre sous les arbres, il a tissé des relations profondes avec les Kurdes sur place et s’est engagé dans la divulgation par le documentaire, afin de dénoncer l’écocide en cours.