Efi Laskari et Marion Gabrielle, nos coups de cœur #460, ont découvert la photographie de manière hasardeuse et s’en servent depuis pour sonder le monde. La première scrute l’obscurité pour illustrer les désillusions de la société, quand la seconde préfère les silhouettes colorées qui font la part belle au vêtement.
Efi Laskari
Originaire d’Athènes, en Grèce, Efi Laskari est diplômée, depuis 1993, en littérature grecque. En soif de créativité, elle s’inscrit en 2019 à l’école des beaux-arts de sa ville, l’ASFA, dans le domaine de la peinture. Sur place, elle découvre un laboratoire de photographie et tombe amoureuse du médium. « Je ne savais pas que j’avais l’œil d’une photographe, puis j’ai réalisé que cet art est un moyen qui me permet d’exprimer mon monde intérieur et mes pensées sans aucune pression », confie l’artiste pluridisciplinaire. L’atmosphère tant obscure que nébuleuse émanant de son travail interroge l’histoire qui se cache derrière chacune de ses images. Une ombre enfantine en noir et blanc, une petite silhouette perdue dans l’immensité d’une forêt, ou encore le corps immergé d’une femme… Les récits visuels construits par la photographe s’inspirent des désillusions de la société qui nous entoure. « La photographie, la peinture, le dessin et l’art vidéo m’aident à me poser des questions sur la manière dont cette planète pourrait être meilleure pour nous toutes et tous. Je m’intéresse beaucoup aux périodes sombres de l’histoire mondiale et je pense qu’une recherche approfondie peut nous permettre de ne pas répéter les erreurs du passé », précise celle qui est préoccupée par l’idée de perte d’identité et de liberté. En réalisant ce conte noirci par les déconvenues de la vie, Efi Laskari exorcise ses « démons ».
Marion Gabrielle
« Quand j’étais au collège, j’ai déménagé à la campagne. Citadine depuis toujours, je me suis sentie très isolée et loin de tout. J’ai emprunté un boîtier appartenant à mes parents, à l’époque un compact digital, et j’ai commencé à tout photographier autour de moi : la nature dans mon jardin, la maison, le quotidien. Très vite, je suis allée vers le portrait et la mise en scène, immortalisant mon petit frère et mes ami·es qui se prêtaient au jeu », se souvient Marion Gabrielle. Créative dans l’âme, son attrait pour le médium prend de plus en plus de place dans sa vie au point où, au lycée, elle se renseigne sur les écoles dédiées à cette discipline. Seulement, elle ne peut s’offrir de telles études et se tourne alors vers un cursus d’art visuel anglophone, continuant sa pratique en parallèle. À force de persévérance, la jeune doctorante, désormais installée entre Londres et Hong Kong, a depuis réalisé son rêve en devenant photographe de mode. « Je suis dans une période où je reviens beaucoup vers la simplicité. Je suis toujours entre plusieurs pays et plusieurs projets professionnels avec mes recherches académiques et la photographie. Je n’ai plus d’espace studio pour expérimenter, je me retrouve à shooter en extérieur, et j’aime beaucoup ça, explique-t-elle. Je me rends compte que c’est d’abord le sujet et son environnement qui m’intéressent. J’aime la relation entre l’être humain, la ville et la nature. Mon regard est toujours attiré par les formes et couleurs des bâtiments, des objets, des vêtements ou accessoires que je croise. »