Les coups de cœur #479 : Yeegin Choo et Alessandro Silverj

Les coups de cœur #479 : Yeegin Choo et Alessandro Silverj
© Alessandro Silverj
© Yeegin Choo

Yeegin Choo et Alessandro Silverj, nos coups de cœur de la semaine, pratiquent tous deux une photographie crue et tourmentée, qui emploie le noir et blanc pour susciter un sentiment d’étrangeté. Si le premier met en scène la construction de l’individu par rapport à la société, le second invite davantage à un voyage dans les profondeurs de l’être hors de l’espace et du temps.

Yeegin Choo 

Également connu sous le nom de Doux, Yeegin Choo ne se considère pas comme un photographe, mais plutôt comme un « écrivain qui utilise des images ». Âgé de 22 ans, l’artiste chinois désormais installé aux Pays-Bas ne cesse de documenter son quotidien  et ses rêves à l’aide de mots et de photos. « C’est peut-être lorsque j’ai déménagé dans un pays étranger que j’ai réalisé les limites de l’expression dans ma langue maternelle. Mon langage est alors progressivement passé des mots aux images, et j’ai souvent eu tendance à m’exprimer uniquement par le biais de visuels. Cette transition est due à des changements d’environnement culturel et à une reconstruction identitaire », confie-t-il. À travers ses clichés, Yeegin Choo explore les espaces, les relations intimes et surtout les frontières pouvant s’ériger entre les individus et la société. Alors que certaines de ses photographies affichent une instantanéité intrigante, d’autres présentent des mises en scène corporelles en noir et blanc. Bien qu’il crée un univers pluriel, l’écrivain visuel se laisse constamment guider par sa sensibilité et sa « perception aiguë de la vie et des gens ». Il conclut : « Tout est accidentel. Notre existence est accidentelle et tout ce qui se passe dans le monde est accidentel. Tout va disparaitre, et ce dont je me souviens, c’est de ce que j’ai. » 

© Yeegin Choo
© Yeegin Choo
© Yeegin Choo
© Yeegin Choo
© Yeegin Choo
© Alessandro Silverj

Alessandro Silverj

C’est au cours de son voyage à travers les arts, la philosophie et la littérature classique que Alessandro Silverj, né à Rome, découvre et adopte la photographie comme moyen d’expression et d’exploration. Devenue « le cœur battant de (s)a créativité » et l’ayant aidé à traverser une période difficile de sa vie, sa pratique se distingue par une dimension autobiographique profonde et authentique. Influencé par la poétique des japonais·es Rinko Kawauchi et Daido Moriyama, on retrouve dans son œuvre un univers chaotique, oscillant entre le réel et l’illusoire, peuplé de personnages étranges. En fusionnant des techniques argentiques en noir et blanc et en couleur, il reconstitue ce qu’il définit comme « l’essence de l’âme humaine », le miroir de l’intériorité – révélateur des vérités et peurs profondes, dissimulées au cœur de son propre monde intérieur. En ce sens, la photographie, « ce délicat ballet », comme il la désigne, devient un outil d’affront courageux de soi-même. 

© Alessandro Silverj
© Alessandro Silverj
© Alessandro Silverj
© Alessandro Silverj
© Alessandro Silverj
À lire aussi
De la passion à la distance, les métaphores amoureuses de Ruizhe Hong
De la passion à la distance, les métaphores amoureuses de Ruizhe Hong
Dans So close when you look away, une série à la beauté saisissante, Ruizhe Hong illustre cette sensation étrange de distance que l’on…
23 mars 2023   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Daido Moriyama, ivresse et mystère, dans la photothèque d’Elie Monférier
© Elie Monferier
Daido Moriyama, ivresse et mystère, dans la photothèque d’Elie Monférier
Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les auteurices publié·es sur les pages de Fisheye reviennent sur…
21 décembre 2023   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Explorez
Instax mini 99 : les couleurs instantanées d’Aliocha Boi et Christopher Barraja 
© Christopher Barraja
Instax mini 99 : les couleurs instantanées d’Aliocha Boi et Christopher Barraja 
La photographie analogique ne cesse de séduire un large public. Pour Fujifilm, Aliocha Boi et Christopher Barraja s’emparent de l’Instax...
26 avril 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Flashs et paysages : les mondes mystiques d'lnka&Niclas
Family Portrait © Inka&Niclas
Flashs et paysages : les mondes mystiques d'lnka&Niclas
Des vagues et des palmiers rose-orangé, des silhouettes incandescentes, des flashs de lumières surnaturels dans des paysages grandioses....
24 avril 2024   •  
Écrit par Agathe Kalfas
Concours #RATPxFisheye : lumière sur les médaillé·es
© Jeanne Pieprzownik
Concours #RATPxFisheye : lumière sur les médaillé·es
Le 3 avril 2024, le jury du concours #RATPxFisheye a désigné ses trois lauréat·es. Guillaume Blot, Jeanne Pieprzownik et Guillaume...
23 avril 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les images de la semaine du 15.04.24 au 21.04.24 : pleins feux sur le potentiel du médium
© Maewenn Bourcelot
Les images de la semaine du 15.04.24 au 21.04.24 : pleins feux sur le potentiel du médium
C’est l’heure du récap‘ ! Les photographes de la semaine creusent l'énigme derrière les images, puisent dans les possibilités du 8e art...
21 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Instax mini 99 : les couleurs instantanées d’Aliocha Boi et Christopher Barraja 
© Christopher Barraja
Instax mini 99 : les couleurs instantanées d’Aliocha Boi et Christopher Barraja 
La photographie analogique ne cesse de séduire un large public. Pour Fujifilm, Aliocha Boi et Christopher Barraja s’emparent de l’Instax...
26 avril 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Isabelle Vaillant : récits d’une construction intime
© Isabelle Vaillant
Isabelle Vaillant : récits d’une construction intime
Jusqu’au 19 mai 2024, la photographe Isabelle Vaillant investit L’Enfant Sauvage, à Bruxelles, en proposant une exposition rétrospective....
26 avril 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Hailun Ma, pour l'amour du Xinjiang
© Hailun Ma, Kashi Youth (2023) / Courtesy of the artist, Gaotai Gallery and PHOTOFAIRS Shanghai (25-28 avril, Shanghai Exhibition Centre)
Hailun Ma, pour l’amour du Xinjiang
Que savons-nous de la vie des jeunes de la province du Xinjiang, en Chine ? Probablement pas grand-chose. C’est justement dans une...
26 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Quand les photographes utilisent la broderie pour recomposer le passé
© Carolle Bénitah
Quand les photographes utilisent la broderie pour recomposer le passé
Les photographes publié·es sur Fisheye ne cessent de raconter, par le biais des images, les préoccupations de notre époque. Parmi les...
25 avril 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet