Dominik Scharf et Rafael Fabrés, nos coups de cœur de la semaine, enregistrent le monde grâce à leur boîtier. Le premier se considère comme un « documentariste magique » tandis que le second, par le prisme de l’intime, souhaite dépasser le photojournalisme dont il a fait son métier.
Dominik Scharf
Photographe, graphiste et directeur artistique dans le milieu de l’audiovisuel, Dominik Scharf se définit comme une sorte de « documentariste magique ». « En raison de divers facteurs tels que les changements globaux ou le climat, la nature s’adapte et fournit de nouvelles images captivantes. Elle persiste même dans les grandes villes. De petites plantes poussent à travers l’asphalte, par exemple. Il est passionnant d’observer ce dont la nature est capable », déclare-t-il. Son amour des couleurs vives et des éclairages étranges l’amène à imaginer un monde nouveau, magique, riche en détails foisonnants, directement inspiré des évolutions de la nature, auxquelles il porte une grande attention. Dans son projet Mesmerizing Glow, les nombreux éclats de lumière, obtenus par des expérimentations, intensifient les clichés d’un jardin situé quelque part dans la ville de Bochum, en Allemagne, pour un résultat magnétisant.
Rafael Fabrés
Photojournaliste de profession, Rafael Fabrés est l’auteur de Cafuné, un ouvrage récompensé de multiples prix. Au fil des pages se découvrent les favelas de Rio, au Brésil, durant les évènements internationaux qui s’y sont joués au tournant des années 2020. « L’origine de ce projet vient essentiellement de ma lassitude de la violence et, d’une certaine manière, de l’industrie du photojournalisme, lorsque je travaillais dans des endroits comme l’Afghanistan ou Haïti », confie-t-il. Ayant vécu en Amérique latine et centrale pendant plus d’une décennie, il préfère ainsi privilégier une approche intime du sujet. « C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de rassembler toute ma production de ces années-là, et de le mélanger de manière cohérente. On retrouve non seulement la partie professionnelle – la couverture des Jeux olympiques et de la Coupe du monde, les manifestations de 2013, la pacification, la visite du pape, la destitution du président ou l’épidémie de Zika… –, mais aussi la plus personnelle et la plus vulnérable », précise-t-il. Au fil du temps, la série s’est enrichie de textes, de dessins, de vidéos et de matériel audiovisuel qui concourent tous à l’écriture d’ « une lettre d’adieu à la ville de Rio » et à la façon dont il percevait la photographie.