Les jardins secrets d'Isabel Martin

27 octobre 2023   •  
Écrit par Ana Corderot
Les jardins secrets d'Isabel Martin
© Isabel Martin
© Isabel Martin

« Je pense que ce que j’aime le plus dans la vie, ce sont les histoires et la narration d’histoires. Je m’intéresse à celles du quotidien et au rôle de la mémoire dans la construction de la réalité et de la vision du monde de chacun·e. Contes populaires, prières, chansons, mémoire du paysage, berceuses, histoires à dormir debout… Les histoires sont à la base de ce que nous sommes en tant qu’êtres humains. Nous sommes un jardin toujours croissant d’histoires que nous collectons au cours de notre vie et que nous portons avec nous, à la fois en tant qu’individus et en tant que communauté », écrit Isabel Martin. Vivant à Amsterdam, et ayant grandi à Madrid dans un environnement familial serein, aimant le contact de nature et de la vie sauvage, l’artiste aspire aujourd’hui à construire un univers où le vivant se meut avec lyrisme. Se reflètent dans son travail des inspirations diverses : la poésie de Federico Garcia Llorca, la force visuelle de Sally Mann, la prose d’Irene Solá… En grande collectionneuse d’images depuis son enfance, les clichés qu’elle réalise aujourd’hui viennent compléter son corpus intime et personnel, tel un journal relatant des pensées éparses et des ressentis fluctuants. Au cœur de ses créations, l’omniprésence de la féminité et du rapport conflictuel au corps nous appelle. « En grandissant, j’ai toujours regardé mon corps et il me semble maintenant naturel de traduire cet intérêt dans mon travail. Je m’intéresse beaucoup au « féminin », à la redéfinition constante de la féminité et de l’homosexualité, et j’ai l’impression qu’il est impossible d’étudier ces concepts sans regarder le « corps » », ajoute-t-elle. Toujours avec beaucoup de tendresse et une infinie délicatesse, elle explore ainsi chaque détail, sublimant les poils sur la peau, les vergetures qui traversent les chairs et l’effet du vent sur l’esprit. « Quelqu’un m’a dit que mes sujets étaient représentés comme si je les avais aimés, et je me suis sentie très touchée par ce commentaire, parce que, d’une certaine manière, c’est vrai : je comprends l’acte de photographier comme un acte de soin et d’attention, de « reconnaissance » de l’autre et de ses histoires, ce qui est en fin de compte un acte d’amour. Ce qui m’intéresse, c’est de toujours faire un portrait à partir d’un point de tendresse et de curiosité et d’honorer l’intimité entre moi et mon sujet, là où la « photographie » se produit », conclut-elle.

© Isabel Martin
© Isabel Martin
© Isabel Martin
© Isabel Martin
© Isabel Martin

© Isabel Martin

© Isabel Martin
© Isabel Martin
© Isabel Martin

© Isabel Martin
© Isabel Martin
© Isabel Martin

© Isabel Martin
© Isabel Martin

© Isabel Martin
© Isabel Martin
© Isabel Martin

À lire aussi
Mònica Figueras Domènech et la mer dans le corps
© Mònica Figueras Domènech
Mònica Figueras Domènech et la mer dans le corps
Façonnant avec la lumière qui éclate sur les rochers, avec « les phénomènes de tourisme et le silence qu’ils laissent quand derrière eux…
11 octobre 2023   •  
Écrit par Ana Corderot
Explorez
Flore Prébay : De deuil et de papier
Iceberg, de la série Deuil blanc © Flore Prébay
Flore Prébay : De deuil et de papier
Du 16 octobre au 30 novembre 2025, la Fisheye Gallery présente Deuil blanc, de Flore Prébay, dans le cadre des Rencontres photographiques...
09 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Polaraki : une collection de polaroids d'Araki sort d'un appartement parisien
Sans titre, Araki Nobuyoshi 1990 -2024 © Nobuyoshi Araki © Musée Guimet, Paris, Nicolas Fussler
Polaraki : une collection de polaroids d’Araki sort d’un appartement parisien
Jusqu'au 12 janvier 2026, le musée des arts asiatiques - Guimet accueille une collection foisonnant de polaroids, issue de l’œuvre du...
06 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #561 : Julie Brochard et Anna Prudhomme
© Anna Prudhomme
Les coups de cœur #561 : Julie Brochard et Anna Prudhomme
Julie Brochard et Anna Prudhomme, nos coups de cœur de la semaine, ont puisé l’inspiration dans la maison de leurs grands-parents. La...
06 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Grace Land : Nick Prideaux transcrit son expérience de la perte
© Nick Prideaux
Grace Land : Nick Prideaux transcrit son expérience de la perte
Dans le cadre d’une résidence artistique à la Maison de la Chapelle, au cœur de la Provence, Nick Prideaux a imaginé Grace Land. À...
04 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Voyage au centre de la terre brésilienne
Périphérie de São Paulo, 2020 @Vincent Catala
Voyage au centre de la terre brésilienne
Comment représenter un pays de façon juste et nuancée, loin des clichés véhiculés autour de ce dernier ? L’impressionnant Île-Brésil de...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Prix Photographie & Sciences : Julien Lombardi et Richard Pak exposent à la Villa Pérochon
Inframundo, de la série Planeta, 2024 © Julien Lombardi
Prix Photographie & Sciences : Julien Lombardi et Richard Pak exposent à la Villa Pérochon
Du 11 octobre 2025 au 21 février 2026, la Villa Pérochon devient théâtre de sciences, présentant les travaux de Julien Lombardi, lauréat...
Il y a 8 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
15 séries qui célèbrent l'automne
15 séries qui célèbrent l’automne
Le soleil se fait de plus en plus discret, les feuilles commencent doucement à changer de couleur, quitter sa couette le matin se fait de...
09 octobre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Flore Prébay : De deuil et de papier
Iceberg, de la série Deuil blanc © Flore Prébay
Flore Prébay : De deuil et de papier
Du 16 octobre au 30 novembre 2025, la Fisheye Gallery présente Deuil blanc, de Flore Prébay, dans le cadre des Rencontres photographiques...
09 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger