En parallèle de sa rétrospective dédiée à Viviane Sassen, la Maison européenne de la Photographie accueille, dans son Studio, l’artiste émergente My-Lan Hoang-Thuy. Plongez, jusqu’au 10 décembre, dans son univers sensible, mêlant photographie et peinture.
Pour sa troisième saison 2023, la MEP continue son cycle autour des femmes artistes en mettant en avant le travail de Viviane Sassen et de la jeune photographe My-Lan Hoang-Thu. Les langages des deux artistes se répondent autour d’une écriture intimiste et sensible. Les corps des femmes y sont explorés par la peinture, le collage et l’installation, ainsi que par le prisme de la mode. Empathique, riche de nuances et de délicatesse, le travail de My-Lan Hoang-Thuy mêle peinture et photographie en abolissant la frontière entre les médiums. L’exposition Femme Actuelle tisse donc des liens entre peinture, arts graphiques, dessin et photographie et présente une série de travaux réalisés à partir de peinture acrylique, avec une esthétique qui s’affranchit d’un schéma préétabli. Cette sélection d’œuvres produites entre 2019 et aujourd’hui, sont unies par une continuité thématique : son corps, figure récurrente des œuvres présentées, est étudié, modulé et renversé.
Le corps comme outil d’analyse
Au cœur de Femme Actuelle, My-Lan Hoang-Thuy explore le corps féminin à travers plusieurs médiums, allant de la peinture au dessin graphique, en donnant vie à une fresque polysémique et polymorphe. Ses œuvres répondent à une structure similaire : elles sont réalisées à partir de peinture acrylique, dont l’artiste produit elle-même les mélanges de couleurs. En s’émancipant de tous les codes préétablis, l’artiste « module son anatomie, l’allonge ou la rapetisse, diversifie ses poses, et renverse toute tentative d’objectivation de son corps » comme l’indique la commissaire d’exposition, Clothilde Morette. Une série qui témoigne d’un goût prononcé pour l’édition, à travers un équilibre précis entre les textures et les motifs ainsi que dans les choix de gabarits proches des formats papier.
Les compositions sont constituées d’éléments du quotidien, autant dans le choix des matières que des couleurs. Le parcours est d’ailleurs rythmé par un agencement colorimétrique précis. Le corps est envisagé comme un outil d’analyse. L’artiste devient l’alchimiste d’elle-même. « Seule, dans une œuvre grand format, l’artiste se représente plus lisiblement » précise Clothilde Morette. Dans certaines images, en tenant dans la main le déclencheur de son appareil photo, elle nous rappelle que c’est bien elle qui maîtrise l’exposition de soi.
À l’occasion de cette exposition, une publication présentant l’ensemble des œuvres de Hoang-Thuy sera éditée par Bernard Chauveau.